Près de 10 ans se sont écoulés depuis Timbuktu, le précédent long-métrage d'Abderrhamane Sissako, et l'on est quelque peu surpris de la matière romantique de Black Tea, de la part du cinéaste mauritanien habituellement plus "engagé' dans ses réalisations. L'exil est cependant l'un de ses thèmes récurrents et la confrontation entre la communauté africaine exilée en Chine et la population locale pouvait déboucher sur quelque chose de fort édifiant. Il nous faut déchanter, Canton n'a que l'amour à proposer dans une intrigue à plusieurs ramifications où malgré le talent et la photogénie des deux personnages principaux règne une certaine confusion narrative, le film s'attardant parfois sur des histoires périphériques à peine ébauchées, avec même une embardée onirique touristico-sentimentale. L'atmosphère se veut envoûtante avec des images très léchées et une mise en scène soyeuse et l'art du thé n'est certes pas inintéressant mais quid de la vie véritable de ces émigrés africains qui semblent n'avoir aucun problème d'adaptation ni d'assimilation, hormis dans une scène un peu plus réaliste ? L'émotion n'est pas vraiment au rendez-vous, du fait du manque de simplicité du scénario et d'une certaine candeur dans les dialogues, voire même d'un souci esthétique qui finit par ôter tout contenu social au film.