ERIC : "Hé, chérie ! Ça te dirait de partir en week-end avec nos amis pour explorer une grotte qui n'apparaît sur aucune carte mais découverte par un type pas très doué, le tout dans une jungle où deux randonneurs ont disparu et où un déluge peut tomber à tout moment ?
JENNIFER : Mais bien sûr ! Quelle merveilleuse idée que voilà !"
C'est une habitude, ce genre de film ne fait jamais dans la demi-mesure pour envoyer ses protagonistes se faire croquer par les dents de prédateurs affamés, le principal problème de ce "Black Water: Abyss" ne se trouve d'ailleurs même pas là malgré les grosses ficelles de son postulat dont le seul but est de coincer ce groupe d'amis dans une grotte à la merci de crocodiles.
Suite du film australien de 2007 réalisé par David Nerlich et Andrew Traucki (enfin "suite" est un bien grand mot, seuls le titre et les crocos sont là pour faire une liaison) et devenu depuis une petite référence du genre (on est assez mitigé à ce sujet), ce nouvel opus signé cette fois par Traucki en solo s'inscrit dans la droite lignée de son prédécesseur en préférant construire son suspense autour des plausibles attaques de ses créatures par des mouvements dans l'eau, des clapotis, etc plutôt que de les montrer trop explicitement face caméra (contrairement à un "Crawl" par exemple avec ses alligators très vite à l'aise sous le feu des projecteurs). Cet angle d'attaque à l'ancienne est louable, d'autant plus que lorsque les bêtes se dévoilent, cette suite privilégie à nouveau les apparitions réalistes plutôt que d'en faire des caisses à l'écran. Il en résulte un film de crocos au premier degré assumé, bien loin de la foule de DTV malmenant ses pauvres bestioles jusqu'au ridicule.
Mais, si l'approche est à saluer, encore faut-il que la proposition qu'elle accompagne soit un minimum attractive pour apporter du sang-froid neuf dans le film de crocos ! Et c'est hélas là que "Black Water: Abyss" échoue cruellement à convaincre : prisonnier d'une impressionnante fournée de péripéties archi-prévisibles du genre, le film s'enferme dans le classicisme le plus absolu, comme frileux de proposer la moindre surprise et jusqu'à rendre son approche finalement très répétitive pour instaurer de la tension (au bout du 150ème clapotis dans l'eau, il devient très dur de trembler). Ne comptez pas non plus sur les contours de son groupe d'amis/potentielles victimes pour bouleverser la donne : leur dynamique repose sur une unique révélation que l'on voit venir avec la grâce d'un alligator se vautrant sur une plage (avouons néanmoins qu'ils ont le mérite de n'être pas totalement insupportables à défaut d'être consistants).
Bref, sans être le pire représentant de son espèce auquel on ait assisté (oui, il y a bien pire...), "Black Water: Abyss" ne casse vraiment pas trois dents à la mâchoire d'un crocodile et donne l'impression d'avoir déjà été vu avant même sa découverte.