Après un peu moins de deux années de disette sur grand écran, ainsi que des rumeurs de privatisation sur Disney +, c'est peu dire que Black Widow était anticipé et attendu du côté du Marvel Cinematic Universe.
Et même si cette disette sanitaire était un peu comblée par des mini-séries comme WandaVision, Falcon & the Winter Soldier ou encore Loki en streaming, le film ne peut éviter le statut de totem, tant en marquant le retour des blockbusters dans le salles qu'en signant le passage définitif à la Phase 4 du monde interconnecté Marvel.
Cependant, ce premier rendez-vous a parfois des airs d'occasion manquée, surtout lorsqu'on se souvient de la première scène d'action du film, qui fait furieusement penser à un Mission : Impossible, pour, en fin de course, faire des appels du pied à l'imagerie immortel d'un James Bond.
Tout en ravivant le souvenir, en plus d'une occasion, du feeling procuré par Captain America : Le Soldat de l'Hiver, tant dans les enjeux gérés que dans les relations entre ses personnages.
Mais si Black Widow demeure un spectacle plutôt plaisant au bout du compte, il n'en demeure pas moins que la formule Marvel semble trouver aujourd'hui ses limites dans le cadre du dosage de ses ingrédients les plus reconnaissables. Car si Natasha y gagne un peu de profondeur, d'affect et d'empathie, il est plus que dommage que tout cela soit traité sous l'angle du drama familial survolé et assaisonné d'un humour assez hors sujet.
Car quand on hallucine devant l'élevage de cochons de la pauvre Rachel Weisz, on se rend compte que David Harbour cabotine, le temps d'une anecdote à base de grand froid et de pisse... Après avoir recyclé un gag visuel tout droit tiré... Des Indestructibles...
Ainsi, même si l'humour décrit n'est pas constant dans le film, de tels excès ne peuvent que nuire à ce dernier, alors que s'il avait été approché de manière plus retenue et sérieuse, Black Widow aurait sûrement gagné un point facile sur sa note finale, que le grand climax destructif ne sauve qu'en partie. En effet, si la dernière partie de l'entreprise demeure spectaculaire, la manière de convoquer Taskmaster a tout de la facilité éhontée. Même chose dans la volonté de lui donner une identité, alors que la machine à tuer présentée par les premières minutes du film pouvait se suffire à elle-même.
S'il y a quelque exagération à parler de "pire Marvel ever", Black Widow recèle pas mal d'autres défauts d'écriture qui pourront agacer et nuiront à nombre de sujets traités qui étaient plutôt bien vus, comme le sentiments de culpabilité de Natasha, ses relations avec sa soeur ou encore la domination du patriarcat, thème dont Cate Shortland s'empare sans pour autant en faire des tonnes. D'autant plus que celle-ci semble, dans un premier temps s'affranchir de la méthode Marvel le temps d'un prologue mélancolique à hauteur d'enfant, concentrant l'ensemble des trahisons, des rancoeurs et des traumas de la cellule familiale.
Ne pas reconnaître qu'il y a du bon et du moins bon dans Black Widow serait hypocrite, mais hurler avec ardeur qu'il s'agit d'une bérézina le serait tout autant. Avec ses allures d'épisode loner, ce nouvel épisode divertit, mais surtout rappelle que la formule du MCU est comme une recette de cuisine : à défaut d'en respecter les proportions, le goût du plat préparé ne pourra qu'en être altéré.
Une évidence culinaire rappelée à l'occasion d'un dîner de famille, voilà qui ne manque pas de sel.
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