(Micro Critique flash)
Les deux premiers tiers de BlacKkKlansman sont globalement intéressants et plutôt bien mis en scène (le boulot le + propre de Spike Lee à ma connaissance), on présente des faits "objectivement" comme Donnie Brasco et d'autres l'avaient fait avant lui...
(on essaie en tout cas, parce que ce récit (basé sur des témoignages, SPOILER, étant donné que toutes les preuves auraient été détruites) prend aussi pas mal position pour le mouvement des Black Panthers)
Et puis dans le dernier tiers, on tombe dans le racolage et le prosélytisme grossier (qui a dit vulgaire?), on te sort des témoignages/des images d'archives qui sortent de nulle part sans même chercher à les intégrer à l'histoire et on fait des parallèles avec l'actualité,
(Oh, oui, tiens, on va même placer des images de Donald Trump tentant de calmer le jeu à Charlottesville en alternant avec des drapeaux nazis, parce que c'est tellement subversif de dire du mal de Trump à Hollywood et de faire des raccourcis pour le présenter comme l'Antéchrist!)
travers dans lequel tombe systématiquement le réalisateur engagé au détriment de la subtilité et du libre arbitre. Le spectateur est trop stupide pour faire le moindre rapprochement de lui même, alors on lui mâche le travail et on lui bourre le crâne avec des raisonnements qui ne sont pas nécessairement bons. Difficile de résoudre un problème de maths si les données sont (intentionnellement?) dès le départ faussées par le prof... Et ça n'est pas parce que la cause que l'on défend est louable que l'on peut faire fi de l'éthique, bien au contraire. C'est ce qui fait la différence entre le mouvement non violent de Martin Luther King et celui des Black Panthers de Malcom X (qui débouchera sur des groupuscules ultra-violents, voire carrément terroristes comme la Black Liberation Army)
On sait que les documentaires de Michael Moore (Bowling for Columbine, Fahrenheit 9/11) sont intéressants à suivre mais très orientés, parfois même biaisés (on peut parler entre autres de mensonges par omission) pour aller dans le sens du réalisateur...
Personnellement, je trouve la façon de faire de Spike Lee encore + fourbe: au travers d'un récit soi-disant objectif, il te dissémine, presque subliminalement (pour un oeil non averti en tout cas), des images esthétisées à l'extrême ou un point de vue complètement subjectif et sans nuance pour déverser sa propagande habituelle (en général à forte tendance anti flics).
(il y a des plans pendant la conférence des "Black Panthers" en début de film qui ressemblent à des pochettes d'album. Ils ne sont pas là pour faire joli, mais pour sublimer le discours et littéralement recruter de nouveaux adhérents, touchés, illuminés (au propre et au figuré) par le discours de l'orateur... On se croirait dans la propagande de Starship Troopers , mais au 1er degré)
Reste qu'un détail me chiffonne:
Ça n'aurait pas été plus évident de faire répondre aux divers coups de téléphone Adam Driver (qui au passage tire plutôt bien son épingle du jeu dans le film)? Oui, ça aurait été problématique pour le concept sur lequel repose l'intrigue, d'accord, le flic noir se serait retrouvé à faire de la figuration, mais bon, hein, ça aurait été + simple et moins risqué pour l'enquête que celui qui interagisse avec les suprémacistes blancs soit aussi celui qui réponde aux appels téléphoniques... Non?
(Edit 24/01/19) Bref, si t'es critique ciné et que tu veux pas être persona non grata dans le milieu, dans les réceptions avec petits fours à volonté et te retrouver dans le prochain métrage de Spike Lee entre 2 drapeaux Nazis, t'es obligé en 2018 de dire que t'as adoré le film, quoi. C'est comme ça que tu en arrives à 6 nominations aux Oscars (dont ceux du meilleur film et du meilleur réalisateur, les deux plus prestigieux) pour Blackkklansman... C'est toujours une compétition pour récompenser les meilleurs de la profession, ou une oeuvre de charité pour milliardaires qui veulent s'acheter bonne presse après le bad buzz "Oscars So White" d'il y a quelques années? Hein? Quoi? Black Panther a reçu 7 nominations, dont celui du meilleur film? Ok, c'est bon, on a compris...