J'n'ai jamais été trop attiré par les films de Spike Lee, peut-être à tort. Le côté militant m'embête un peu en fait, il faut que je sois d'une certaine humeur pour pouvoir apprécier ce genre de cinéma. Typiquement, je n'ai vu qu'un tiers (ou la moitié je ne sais plus trop) de Malcolm X et si la réalisation était impeccable, le traitement m'embarrassait un peu (c'était il y a des années, j'y rejetterai probablement un œil un jour).
Cette fois, j'avais l'humeur avec moi et puis avec Adam Driver au casting "ça donnait envie". Effectivement, c'est un film militant. Mais c'est aussi un film très drôle et bien construit. Tout est limpide, y'a de l'émotion et de l'humour, une réalisation efficace avec quelques idées pas toujours bien amenées mais qui valent le coup d’œil (le discours de Kwame Ture et ses plans sur les militants, un plan séquence sur un stand de tir, un montage alterné entre un récit horrible et des abrutis qui s'amusent, etc.). Le truc qui je pense va faire parler avec ce film (ou le fait peut-être déjà) c'est sa fin. Concrètement, on couperait le film 2 minutes avant, il serait déjà très bon. Mais Spike Lee a préféré y aller avec de gros sabots. Le pire ? Ça marche quand même. Ça fait même mal.
Ce qui est triste mais évident, c'est que le public de ce film ne sera pas le bon. Le problème c'est que malgré un message aussi évident, le racisme très primaire perdurera parce qu'une telle œuvre n'atteindra jamais ces gens là, qui verront ça comme de la propagande (et vu les procédés utilisés par Lee c'est pas forcément faux). Tant pis, chapeau l'artiste, le film déchire quand même.