EST-CE QUE TU PEUX ROUGIR ?
On me demande souvent pourquoi Blade 2 est un de mes films préférés : « Quoi ?! Un film avec un renoi fringué comme Néo qui chasse des vampires WTF ! C'est juste une vieille série B ! Naaaaaaaaaaan ! T'as rien compris : c'est LA série B ! Une des meilleures adaptations de comics, bla, bla, bla... »
Bref, je campe sur mes positions après un énième visionnage : Guillermo Del Toro a réalisé un chef d'œuvre !
Il faut dire que le matériau original se prêtait à une adaptation : comics peu connu et doté d'un univers atypique, Blade fut synonyme de grande liberté artistique pour les réalisateurs qui s'y sont frottés.
Pour le premier opus, c'est le British Stephen Norrington (qui a malheureusement disparu de la circulation après La Ligue des Gentleman Extraordinaire, film moyen dont la production fut un enfer pour le réalisateur) qui s' y est collé avec un certain talent car même si les effets spéciaux ont mal vieillis, Blade premier du nom offrait une vision rafraichissante du mythe du vampire et s'imposait comme une œuvre somme aux influences variées qui a elle-même influencée d'autres métrages comme Matrix qui en reprend certains éléments (les manteaux en cuir, les héros poseurs, le bullet-time, etc...) et non pas l'inverse contrairement à ce que j'ai pu lire et entendre...
Le succès de ce premier opus ayant logiquement généré l'idée d'une suite pour laquelle le génial Guillermo Del Toro est intronisé réalisateur : un choix payant vu que le mexicain va transformer ce film de commande en un concentré de culture geek jouissif où on retrouve également nombre de thématiques caractéristiques de son cinéma.
Blade 2 c'est d'abord la suite ultime dans la mesure où le précédent opus est dépassé allégrement à tous les niveaux remplissant ainsi le cahier des charges commercial: plus de bastons, plus de sang, plus de vampires, etc... Cependant, tout ceci serait bien désuet sans le talent de Del Toro qui excelle dans la mise en scène des morceaux de bravoure alors qu'il était jusque là quasiment novice en la matière (Mimic n'était pas vraiment un film d'action) : les scènes d'actions de Blade 2 renouent avec les influences du premier opus (la japanimation, les films de baston, etc...) pour mieux les transcender et son caractérisées par un degré de maîtrise technique rarement atteint. Que ce soit la musique, le montage, les chorégraphies ou l'utilisation habile des effets spéciaux numériques : tous ces éléments font de Blade II un grand film d'action violent et stylisé dont certaines scènes m'ont personnellement marqué (ah ! les deux dernières bastons...).
La rigueur de Del Toro fait également merveille dans la mise en place d'un univers unique radicalement différent du premier notamment parce que le film a été tourné à Prague, une ville à la fois ancienne et moderne propice à la création d'ambiances atypiques caractéristiques de « l'underworld » vampirique (voir l'hallucinante scène de la boîte de nuit).
Là encore, le travail de l'équipe technique est remarquable et on retiendra entre autres la magnifique photographie de Gabriel Beristain qui renforce l'aspect comics et manga live du métrage où encore la musique orchestrale de l'excellent Marco Beltrami qui participe pour beaucoup à la dramaturgie du récit.
Car oui, il y a un vrai scénario dans Blade 2 qui malgré la psychologie à peine esquissée de ces personnages (qui pour la plupart, ne fonctionnent pas au-delà delà de leur dimension iconique et c'est tant mieux) se transforme en véritablement en drame shakespearien lors d'un climax de fin dont le point culminant est une des scènes les plus romantique que j'ai jamais vu au cinéma (si, si ! Je vous assure ! D'ailleurs cette scène à été reprise pour ne pas dire plagiée dans de nombreux films par la suite).
Ce supplément d'âme est apporté par un réalisateur qui impose ici subtilement des enjeux narratifs typiques de son cinéma : en effet, l'amour inconditionnel de Del Toro pour les monstres (ici ce sont les Reapers qui dépoussièrent l'image du vampire) et son goût pour les figures tragiques (Nomak la Némésis de Blade campé par l'excellent Luke Goss qui jouera un rôle similaire dans... Hellboy 2 du même réalisateur) sont bel et bien présents et contribuent à faire de Blade 2 un grand film.
Cette émotion qui se dégage du récit mais aussi toute sa dimension badass doivent également beaucoup au casting impeccable, avec en tête Wesley Snipes dans son meilleur rôle d'action hero mais aussi le génial Ron « Hellboy » Perlman, Léonor Varela bien loin d'être une potiche de service, ce vieux Kris Kristofferson dont le personnage constitue une incohérence scénaristique bienvenue (ceux qui ont vu le premier comprendront) ou encore Thomas Krestchmann méconnaissable sous son maquillage.
Au final, je pourrais parler des heures de ce film qui concentre quasiment tout ce que j'aime dans le cinéma de genre
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