Blade Runner, de Ridley Scott, sorti en 1982 est un monument du cinéma de Science-Fiction mais n'a acquis sa notoriété qu'au fil de longues années. Il occupe aujourd'hui une place au panthéon du Cinéma. Adapté de l'oeuvre de Philip K. Dick, le film raconte la traque du Blade Runner retraité, Rick Deckard. Quatre réplicants illégaux, être humains artificiels sont retournés sur Terre des colonies, dans un but inconnu.
Le film est d'abord visuellement très marquant. Le monde pré-apocalyptique surpeuplé et claustrophobique. L'ouverture de l'oeuvre se fait sur un plan aérien de ce qui semble être des usines en pleine activité dans une nuit sans fin. Vient ensuite un très gros plan d'un oeuil bleu, qui se révélera être celui de l'antagoniqte principal, Roy Batty : l'Oeuil qui a vu tant de choses. Après la crise pétrolière des années 70 permet, dans les années 80 à Ridley Scott d'inscrire son film dans un contexte d'industrialisation à outrance et de destruction de la planète par la pollution, de fin de Guerre-Froide également. Juste avant le point de rupture.
L'imagerie qui en résulte est très travaillée, entre les différents décors et les ambiances. Les extérieurs sont étouffants et écrasent les personnages du film, les faisant disparaître parfois derrière la foule innombrable. A l'inverse, les intérieurs respirent et si le poste de police semble à l'article de la mort, les locaux de la Tyrell Corporation a l'air plus grand que et spacieux que la ville de Los Angeles toute entière. La nuit constante joue également son rôle de désolation, comme si le nouveau-monde avait perdu de sa lumière en creusant les profondeurs de la Terre pour y puiser de l'énergie. Tout est devenu opaque.
Cependant, une autre particularité se démarque de l'oeuvre. Outre son caractère précurseur en matière de Science-Fiction, le scénario lui-même est rempli de contraste et de questionnement. Chaque personnage possède une part d'ombre ou de lumière cachée, révélée soit par d'autres personnages, soit laissant entrevoir d'autres interrogations identitaires. Chacun dispose de son propre objectif. Les personnages, notamment les réplicants, donnent à ce film cet aspect si intriguant, car dans ce film, les personnages les plus humains, sont les réplicants. Ce sont eux qui disposent de la charge émotionnelle du film, qui vivent et veulent vivre à tout prix. Aux humains, reste la peur, l'agressivité. La compassion, la tristesse, l'amour et l'instinct de survie. Autant de concepts transposés aux être artificiels, dont l'objectif est l'objectif final de leurs créateurs : aimer, le plus longtemps possible.
Il est impossible de passer sous silence la fin du film. Et sans la raconter, je dois dire ceci : l'écho qu'elle fait à l'ouverture et vient boucler l'histoire semble suspendre le temps. Sublimer la mort, la combattre, la fuir, l'accepter. Les enjeux du film sont simples, ce sont les enjeux vitaux de l'Humain.
PS : Je n'oublie pas les Star-Wars et autres 2001 mais je place quand même Blade Runner au dessus, et libre à vous d'être plus touché par l'une ou l'autre de ces films tous aussi importants les uns que les autres.