Et les Dieux du Cinéma se sont tous donnés la main dans un but unique : donner la meilleure suite possible à l'un des meilleurs films de Science-Fiction (d'aucuns disent meilleur que 2001 ou n'importe quel autre pilier). La véritable prouesse de Blade Runner 2049, s'est de s'élever assez haut pour regarder son aîné dans les yeux. C'est cette habileté à être aussi qualitatif que le premier opus, niveau toujours très difficile à atteindre pour une suite, plus encore après 35 ans, qui rend Blade Runner 2049 encore meilleur que Blade Runner. Vous aurez compris que ce qui va suivre ne sera ABSOLUMENT PAS subjectif.
A Los Angeles, en 2049, l'Agent KD 6-3.7 a.k.a. K, est un Blade Runner à la poursuite de réplicants d'ancienne facture (pour comprendre mieux la prohibition des réplicants, voyez les trois courts-métrages introductifs au film, disponibles sur YouTube). Lui-même réplicant, il va se retrouver au coeur d'une enquête qui va le questionner sur sa propre identité, ainsi que son rapport aux êtres humains, classe supérieure dotée d'une âme.


Simplement et intelligemment, et en proposant une issue un peu différente, Villeneuve réalise le chemin inverse au premier opus. Le questionnement ne se fait pas de l'humain à l'être artificiel mais de l'être artificiel à l'humain. Les éléments principaux de l'univers social sont cependant toujours présents, à ceci près que les réplicants sont aujourd'hui devenus courants (police, prostitution, etc...) et semblent toujours, comme dans le premier film, dégager une foultitude d'émotions inconnues à leurs créateurs. La relation entre Ryan Gosling et ses homologues artificiels féminins est très intéressante, notamment lors de la scène de sex. Dans cette scène, les deux personnages fusionnent quasi-parfaitement pour former un troisième être hybride. Cette séquence est juxtaposée avec un plan d'une publicité pour Joi, gigantesque, qui fera écho à la dernière séquence du film.


De manière plus technique, le mariage Villeenuve-Deakins fonctionne à nouveau à merveille. Toujours l'un au service de l'autre. L'image sépare clairement les différents lieux, thèmes et personnalités, en conservant une continuité générale entre les oeuvres. Un blanc presque livide mais parfois sale pour la ville moderne, un ciel toujours couvert mais cette fois parfois de jour. Un désert orange absolument magnifique et opaque pour l'ancien temps. Un jaune doré pour le domaine du Dieu autoproclamé Niander Wallace. Le film propose un rythme entraînant, jamais trop lent, jamais trop rapide. On suit le personnage de K dans son enquête, découvrant les mystères du passé et ouvrant un peu plus l'univers. Propice à la contemplation, Blade Runner 2049 dispose également de décors et d'effets visuels extrêmement travaillés. Les neiges de Juillet à côté du désert du Nevada, le casino et l'hôtel (avec une séquence somptueuse dans le cabaret). Les lumières sont également très belles chez Wallace, avec les reflets des ondes dans l'eau sur les murs.
Impossible de ne pas poser de mots sur le jeu des acteurs, tous très justes, guidés par un Ryan Gosling au top. L'un des plus beaux acteurs de sa génération, parfait pour jouer le réplicant tant il a été jugé trop lisse et inexpressif. Ses scènes d'émotions sont très fortes. Harrison Ford retrouve un rôle connu pour quelques séquences et n'a rien perdu de son art. Les antagonistes rendent la partition parfaite. La courte mais importante performante de Jared " Jesus" Leto et la perfection féminine de la femme fatale par Sylvia Hoeks sont toujours à haut niveau.
Denis Villeneuve s'attaque aujourd'hui à un autre monument de Science-Fiction : Dune. Avec une carte blanche et déjà deux parties annoncées, on s'attend à un futur colosse du Cinéma.

NeilBelkacem
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le 6 oct. 2018

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Neil Belkacem

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