Dans ce film, tout est fait pour entretenir une couche de mystère autour des personnages : ils apparaissent dans des lieux insolites, ont des occupations très originales (charmeuse de serpent, greffeur de yeux, amateur d’origami). Les raisons d'agir des personnages nous sont souvent cachées,quelques détails nous permettent de soupçonner les influences de passions anciennes, d'hommes mystérieux.Les relations entre les personnages restent toujours dans le sous-entendu, cela contribue a ce flou artistique. Les androïdes, entre monstres et super héros de comics, développent laborieusement leur part d’humanité. Cette atmosphère mystérieuse détourne notre attention du monde anticipé. Nous n’en acceptons que mieux ses règles et son extravagance. Les êtres semblent rongés par la pollution et la grisaille ambiante, la cité tentaculaire apparaît noire dans l’œil du spectateur, éclairé des feux crachés par les usines, au début du film. Les rues sont d’une saleté extrême. Seule la bordure de cet état reste en dehors du marasme : les colonies, présentées comme terre d’espoir, grouillent de « gueules d’humains », ces « peaux-rouges » modernes. Mais dans cette ville vertigineuse, les courses-poursuites laissent la foule indifférente, habituée aux bruits des bris de verre et des sirènes. L’exotisme et le démodé, l’apathie générale entourent l’action: le spectateur est conduit à se sentir étranger,exclu.La musique électronique de Vangelis, mélancolique à souhait, renforce ce sentiment,et l'on s'attache plus facilement aux personnages traqués. Merci Encore Ridley !