L'immersion est le maître mot.
La musique électronique avant-gardiste de Vangelis y joue d'ailleurs un rôle prépondérant. Ses partitions accompagnent le spectateur ébahi devant un tel spectacle. Et pour cause, l'équipe du film a tout fait pour nous caresser la rétine : jeux de lumières, costumes et décors finement préparés.
La forme est au rendez-vous, mais qu'en est-il du contenu ?
La narration semble suivre à la lettre le schéma désormais classique du "voyage du héros" de Joseph Campbell. Serait-ce le fruit du hasard, ou bien celui d'une écriture inspirée?
Mais alors, est-ce que Blade Runner est une adaptation réussie ? Oui, diront probablement la plupart des gens aujourd'hui, un certain temps après la sortie du film. Objet culte des eighties, serait-ce devenu un modèle d'inspiration du genre pour de nombreux cinéastes? Probablement.
Personnellement, j'apprécie énormément le fait qu'il ne s'agit pas d'une simple retranscription du matériau d'origine, mais bel et bien d'une transformation inventive dotée d'une âme.
P. K. Dick insistait sur la notion d'empathie, en faisant même le fil rouge de son œuvre, sans risque de choquer son lecteur. Ici, Ridley Scott survole cette aspect et nous propose plutôt quelque chose de potentiellement plus vendeur : l'amour homme-androïde quasi mystique. En ressort une œuvre contemplative, sujette à divers interprétations.
Bien que très réussie, cette libre adaptation n'est pas exempte de défauts. Les reproches sont peu nombreux et sont ceux que l'on réserve naturellement au cinéma hollywoodien. Il faut ainsi faire abstraction des quelques placements produits. Par ailleurs, selon la sensibilité de chacun, on pourrait décrier le réalisateur pour la scène qui pourrait s'apparenter à un viol ou bien noter l'autocensure décelable en comparant le film et le livre dont il est issu.
Oublions cela si possible et retenons le meilleur de cette référence cyberpunk.
Le meilleur, c'est l'androîde charismatique et énigmatique interprété par Hauer.
Le meilleur, c'est le thème de fin de la bande originale.
Le meilleur, c'est cette scène de fin d'anthologie sur les toits d'une ville futuriste, dans laquelle le méchant diabolisé nous surprend et nous fascine.