J'ai décidé pour cette critique de m'intéresser au ''sens'' du film puisqu'on m'a toujours conseillé de le voir car ''c'est plus qu'une œuvre de science-fiction, c'est une oeuvre philosophique sur la nature humaine'' etc... J'exagère un peu, mais j'ai lu beaucoup de critique qui exprimaient la richesse de reflexion sur la condition de l'homme présentée à travers le film.
On m'a aussi dit qu'il fallait que je vois le film plusieurs fois pour mieux le comprendre, je vais tenter d'expliquer ici ce que j'ai compris après le 1e visionage, j'éditerai si jamais je le regarde une 2e fois un jour et que j'aurai mieux compris certains aspects.

Je vais donc ici essayer d'expliquer ce que j'ai compris, c'est donc une vision totalement subjective et personelle de l'œuvre, peut-être que je suis passé à côté, vos commentaires sont les bienvenus.

Premièrement, le contexte. On est dans un film de science-fiction, donc l'univers doit se présenter et évoluer en même temps que ''l'histoire'' du film si on veut pouvoir comprendre quelque chose. Le principe des réplicants est donc annoncé dès le début un peu à la StarsWars grâce à un texte défilant à l'écran. L'univers se laisse découvrir au fil du film et voici plusieurs détails qui ont retenus mon attention :

- MultiCulti : L'aspect multiculturel est très présent dans le film, on à droit à un brassage de toutes les civilisations réunis dans la ville. Des chinois, des arabes, des blancs, des noirs, des nains allemands ( ?)etc... Ce qu'il y a de particulier, c'est que chaque personne garde les traits raciales propre à son ethnie, et aussi mais surtout ; ils portent des symboles de reconnaissance de leur civilisation (on reconnaît facilement la nationalité/provenance des personnages suivant leurs habits, leurs attributs, leur langage ( !). On ajoute à ça l'aspect de foule constante, la ville est présentée comme une masse d'individu s'écrasant les uns les autres, on étouffe.
J'ai eu du mal à comprendre cet aspect à la fois d'étouffement et ''d'identité national''. On a là une vision du futur assez particulière selon moi. J'aurais plutôt imaginé, dans le contexte du film, une ville où les gens se ressemblent tous, autant physiquement qu'au niveau des habits et des attributs (une seule langue par exemple), pour exprimer une perte d'identité. C'est donc un point d'interrogation pour moi et si quelqu'un pouvait me l'expliquer ça me ferait plaisir.

- Cigarette : J'ai été assez surpris de voir que quasiment tous les personnages du film fument. Presque tout l'monde à tout l'temps une cigarette à la main. Cela crée une impression de ''flou'' (qui est constante dans le film, ça fume de partout), opaque, sale. La cigarette est selon moi le symbole du capitalisme, mais surtout du capitalisme choisi. Je m'enflamme un peu peut-être ici, mais je trouve que ça collerait bien avec l'évolution ''physique'' de la ville, c-à-d les panneaux publicitaires, les gratte-ciel immense, l'ambiance d'étouffement dans la grisaille, la fumée et la pluie. Les gens évoluent dans une ville qui s'est développée comme ils l'ont bien voulu. La cigarette serait donc là pour rappeler le côté de ce futur sale et toxique, mais choisi.

Je ne vais pas m'attarder sur les autres aspects de la ville, je peux simplement préciser encore cela : les quartiers où évoluent les personnages principaux sont les quartiers du peuple, c'est-à-dire que l'intention du réalisateur n'était probablement de montrer un quartier de malfamé et pauvre d'une ville. Le ton du film est donc à l'image de la ville : sombre, ''fumeux'', gris, étouffant.
Je vais m'intéresser maintenant à l'aspect principal du film, la quête d'identité des 3 personnages principaux.

Je pense que les 3 personnages (Deckard, Roy et Rachel) essaient chacun de répondre aux deux questions suivantes ''Que suis-je ?'' (Mais plutôt ''Qu'est-ce que l'homme ?'') et ''Que m'est-il permis d'espérer ?''. Les personnages vus à travers ces deux questions sont tout de suite plus approchables et le film devient plus accessible.

La question ''Qu'est-ce que l'homme ?'' est en fait la question fondamentale du film, celle qui pose le problème. Un peu comme dans tous les films de robots (qui sont dotés d'une IA proche/(exacte réplique) de ''l'intelligence'' humaine) on a droit à cette question : Qu'est-ce qui différencie l'Homme de la machine ? Cette question est une question piège puisqu'elle demande en fait ''Qu'est-ce que l'homme ?''. En effet, on ne peut différencier une machine capable d'émotions, de pensées, ect d'un homme. Donc on se demande automatiquement ''qu'est-ce qui fait que je suis plus un homme qu'une machine qui est mon exacte réplique ?''.
On à alors droit à deux réponses : la première c'est de croire que la vie est un ''don'' (d'en-dessus), en ce sens, je me sens doté du caractère exceptionnelle de la Vie, ce qui me différencie, sans toutefois pouvoir l'expliquer, de la machine. L'image de cette idée est selon moi la licorne que Deckard aperçoit alors qu'il fait résonner une note sur le piano. Cependant, cette hypothèse est remise en cause à la fin du film alors que l'inspecteur laisse chez Deckard un petit origami en forme de licorne, alors qu'il aurait pu tuer Rachel. C'est ici un message ''d'espoir'' mais également d'écrasement. On peut dès lors considérer que Deckard est en fait un replicant, et le symbole de son étincelle de vie (la licorne) est connu de l'inspecteur (qui le lui fait savoir, prouvant à Deckard que même son impression de vie la plus personnelle est en fait un fake). Cependant, l'inspecteur ne tue ni Rachel, ni Deckard. Franchement je n'ai pas très bien compris ça, peut-être est-ce un message d'espoir ou de tolérance de la part de l'inspecteur qui considérerait que ''qui pense, vit'', mais ça me semble un peu flou.

On est donc renvoyé à la 2e possibilité de réponse à la question plus haut : il n'y a pas de différence entre l'humain et la machine-humaine, donc il n'y à pas d'étincelle de Vie (où, et c'est plus probable, l'étincelle de vie apparaît avec la pensée. Mais cet aspect est difficilement acceptable : Deckard qui est un peu à la recherche de cet étincelle de Vie demande sans cesse si tel ou tel animal est vrai ou non. Il recherche constamment la contemplation de la Vie, même dans l'animal. Et ce qui fait qu'un animal est vrai ou non n'est plus de l'ordre de la pensée ou des émotions, mais bien de cette étincelle de Vie.)

Prenons maintenant la 2e question : Que m'est-il permis d'espérer ? Cette question est à relier avec le 2e thème central du film : La mort. On a ici plusieurs chemin possibles, Rachel et Deckard suivent le même, choisissant la Vie simplement comme espoir (à travers l'émotions de l'amour, mais plus que l'amour de l'autre, c'est l'amour de cet étincelle de Vie qui les fait s'unir dans l'absurde), allant jusqu'à défier la mort.
Roy lui, est un personnage avec lequel j'ai eu beaucoup de difficultés. Premièrement, bien qu'il soit réplicant, il se sent en Vie (comme Rachel), notamment lorsqu'il dit ''je pense donc je suis''. Le personnage est détruit par l'idée de la mort, il va jusqu'à tuer son propre créateur. Ne sachant plus pourquoi il vit devant l'évidence de la mort imminente, il décide d'aller droit au but et de se laisser mourir. Je n'ai pas compris ce personnage si ce n'est à travers la protestation ultime devant l'évidence de la mort, jusqu'au meurtre de son créateur, puis simplement un certains déni de l'importance de l'étincelle de Vie, si elle est annihilée par la mort, mal le plus incompréhensible mais cependant obligatoire à tout chose ''vivante''.

Je n'ai sûrement pas fait le tour du film, mais je trouvais intéressent de voir ce que le film nous amène en substance. Je dis ''en substance'' car je vois bien qu'il ne s'agit pas d'un manuel de philo, que la matière est amenée de manière poétique et que le film communique avec le téléspectateur de manière ''indirecte'', plus par sensation et ressentis que par explications. Donc je pense que ce film mérite une excellente note, même si au final les question qu'il pose sont en fait celles qui font la base du questionnement de l'identité, que suis-je, qu'est-ce que l'homme, que m'est-il permis d'espérer.

Ce n'est pas vraiment une critique, mais plus une approche du film dans le but de le comprendre un peu mieux. Si qqun a lu jusqu'ici j'attends vos commentaires avec impatiences, vos réflexions sur le film, peut-être pour m'aider à éclaircir des points que je n'ai pas tout à fait compris, merci d'avance !
Aspirine
9
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste

Créée

le 20 avr. 2011

Critique lue 1.2K fois

11 j'aime

Aspirine

Écrit par

Critique lue 1.2K fois

11

D'autres avis sur Blade Runner

Blade Runner
Gothic
10

Le Discours d’un Roy

[SPOILERS/GACHAGE] Nombreux sont les spectateurs de "Blade Runner" à jamais marqués par le monologue final de Roy Batty, ce frisson ininterrompu le temps de quelques lignes prononcées par un Rutger...

le 3 mars 2014

261 j'aime

64

Blade Runner
SBoisse
10

“J'ai vu de grands navires en feu surgissant de l'épaule d'Orion"

Comment aborder un chef d’œuvre ? Qu’est-ce qui fait son unicité ? Enfant, j’ai été enthousiasmé par L’île sur le toit du monde, Le jour le plus long, L’empire contre-attaque ou Les Aventuriers de...

le 7 déc. 2023

231 j'aime

20

Blade Runner
Nordkapp
10

Blade Runner rêve-t-il d'humains électriques ?

Toi qui crois regarder Blade Runner, ne vois-tu pas que c'est Blade Runner qui te regarde ? Il se moque quand tu hésites la première fois. Il te voit troublé par Rick Deckard, ce Blade Runner effacé...

le 9 juil. 2014

231 j'aime

25

Du même critique

Blade Runner
Aspirine
9

Je pense donc je suis?

J'ai décidé pour cette critique de m'intéresser au ''sens'' du film puisqu'on m'a toujours conseillé de le voir car ''c'est plus qu'une œuvre de science-fiction, c'est une oeuvre philosophique sur la...

le 20 avr. 2011

11 j'aime

Paroles
Aspirine
10

''Être où ne pas être, c'est peut-être aussi la question''

Ce livre est un petit trésors de poèmes tous très variés. Les textes, très courts, rendent le recueil très accessible et l'ouvrage se lit facilement d'une seule traite. A première vue on pourrait...

le 10 mai 2011

11 j'aime

Royal Affair
Aspirine
6

The Fool's Speech

J'avoue que le film était un peu long, j'ai faillit m'endormir plusieurs fois. Souvent il ne se passait rien et j'essayais juste de remarquer quels mots danois ressemblaient au français, à l'anglais...

le 26 juin 2012

7 j'aime