Je ne sais pas si vous avez remarqué, mais dans ce film, il pleut.
Si si.
Il pleut même tout le temps, dans pratiquement toutes les scènes, surtout celles qui se déroulent en extérieur, bien que même les intérieurs ne soient pas à l'abri de l'eau.
Ça tombe tout le temps, sans qu'on comprenne vraiment pourquoi, tout ce qu'on sait, c'est qu'il pleut.
De la première seconde du film jusqu'à la 117eme minute, ça pleut.
Mais non seulement ça pleut, mais en plus ça pleut sur une sacrée ville de merde !
Une ville située dans un futur dystopique cyberpunk pourri où il n'y a que buildings obscurs et cheminées crachant du feu à perte de vue. Les rues sont remplies de gens qui s'entassent de partout et déambulent au hasard sans véritable but, les immeubles sont saturés de panneaux publicitaires géants vantant les mérites sucrés, pétillants et cancérigènes de Coca-cola, même le ciel est rempli de voitures volantes et de dirigeables vociférant à longueur de journée à quelle point la vie est bien mieux dans les colonies spatiales qu’ici bas. Un futur où l'on crée des humains artificiels, mais non seulement on leur confie que la basse besogne, mais en plus ils sont interdits de séjour sur Terre, et même que s'ils y vont quand même, ils se retrouvent avec la police aux fesses !
Monde de merde !
Et toujours, il pleut.
Et même que ça pleut pas que sur les bâtiments, ça pleut aussi sur les personnages.
Ca pleut sur des flics, des passants, des casseurs, et surtout sur des androïdes et un vieux Blade Runner.
Les 3 premiers se mouillent, mais ne semblent jamais trempés.
Les 2 autres, eux, marchent sous la pluie, et révèlent ce qu'ils sont réellement au fond d'eux.
Pas hommes, pas machines, mais animaux :
Léon, le lent, est la tortue, Rachel la femme fatale est l'araignée, symbole de féminité, Roy, le leader, est le loup, puis devient la colombe en quittant ce monde de merde, etc...
Deckard, lui, on est pas trop surs de ce qu'il est vraiment. Comme ça fait des décennies qu'on est incapables de décider s'il est homme ou un vieux modèle de Replicant servant de Blade Runner...
"Bah non, en fait c'est un..."
Ta gueule, Ridley.
Du coup, dans le film, via les origamis disséminés un peu partout (du papier, quoi de plus malléable), Deckard est tour à tour le coq (parce qu'il et policier ?), puis l'homme (parce que rien n'est moins sur), et enfin la licorne. Parce que finalement, qu'il soit homme ou machine, on s'en fout !
L'important, c'est avant tout de vivre, peu importe qu'on soit un vrai humain ou un synthétique. D'où la métamorphose en animaux ! Et oui.
Mais ce qui compte le plus, c'est la pluie, encore.
Parce que s'il y a bien quelque chose qui ne bouge pas dans ce film, c'est la pluie.
Blade Runner a quelque chose d'unique : il n'aura jamais la même signification pour 2 personnes différentes, et je pense que c'est pour ça qu'il fascine autant de monde.
En tout ça, tout le monde sera d'accord avec moi sur un point : Il pleut dans ce film.
Si c'est la pluie que tu veux, tu vas en avoir.