Œuvre devenue culte sur le tard, Blade Runner et sa vision ultradéprimante de notre planète en 2019 a désormais sa suite. A l’origine librement inspiré de Philip K. Dick, le film de Ridley Scott renaît sur les écrans mercredi 4 octobre, trente-cinq ans après sa sortie. Un Blade Runner 2 auquel on a ajouté un "049", et dont la réalisation a été confiée au Canadien Denis Villeneuve (Premier Contact, Sicario), le réalisateur visionnaire, désormais incontournable à Hollywood. Un pari complètement fou, déjà adoubé par la critique. Un peu trop, peut-être.


Beau comme un film de Denis Villeneuve


Comme un cadeau de Noël en avance, les premières images de Blade Runner 2049 dévoilées en décembre dernier avaient surtout pour but de nous rassurer. Le Los Angeles imaginé par Villeneuve n’avait rien à envier à celui de papa Scott. Qu’elle soit noyée dans une mystérieuse brume ou cramée comme le désert de Gobi, la cité des Anges avait conservé cet air étrangement familier. Toujours humide, grouillante, sombre, mais passée au travers du filtre de Roger Deakins, le génial directeur de la photographie, chouchou de Denis Villeneuve et des frères Coen (entre autres).


Un premier trailer (suivi de quelques autres) à l'image du film : beau comme une (très longue) pub pour un parfum pour hommes, dont l’égérie serait le Canadien touche-à-tout Ryan Gosling. Il y incarne K, un réplicant nouvelle génération devenu un blade runner employé par la police de Los Angeles pour éliminer les anciens modèles d’androïdes. Après un pitch de quelques phrases pour nous situer l’action (on est trente ans après Blade Runner et Eldon Tyrell a été remplacé par un autre fabricant de réplicants), K découvre, au hasard d’une mission, une caisse contenant les ossements d’un mystérieux squelette. Sa supérieure, le lieutenant Joshi (Robin Wright, sublimement glaciale) lui ordonne d’enquêter sur cette étrange découverte.


Un réplicant de l’original


En plus d’une trame scénaristique assez similaire (une chasse à l’"homme”, pour faire simple), Denis Villeneuve s’applique à nous prouver que son Blade Runner 2049 est bel et bien une suite, et non pas un remake. Des bouts de dialogues retranscrits, des photos de Rachel et la présence de Deckard, vieilli et toujours incarné par Harrison Ford, sont autant d’indices dont Villeneuve parsème son œuvre, autant pour rassurer les fans que pour justifier sa démarche.


“En acceptant l’idée de faire une suite de Blade Runner, on se met en position de faiblesse. (...) Curieusement, je tenais au départ à ce que cela ressemble davantage au premier film”, confiait récemment le réalisateur canadien à Télérama. En intégrant drones et réalité très très augmentée à son récit de science-fiction, le réalisateur modernise le récit original. Et nous livre un film plus proche d’une copie remasterisée que d’une suite. Un genre de réplicant, donc.


Les femmes sauveuses de l'humanité


Car même si la sortie de Blade Runner avait été éclipsée en 1982 par la sortie d‘E.T. l’extra-terrestre de Steven Spielberg, on a depuis réalisé à quel point le film de Ridley Scott était visionnaire en tous points. Que ce soit dans sa forme, dans le rythme lancinant qu’il imposait au récit, dans la rareté de ses dialogues, dans sa musique hypnotique (signée Vangelis), Blade Runner a révolutionné la science-fiction au cinéma comme 2001, l’odyssée de l’espace de Stanley Kubrick l’avait fait quatorze ans auparavant. Bourré de références mais trop fidèle à l’original, Blade Runner 2049 ne parvient pas à recréer l’effet de surprise qu’avait suscité l’œuvre de Scott.


Et au terme de ces interminables heures que dure Blade Runner 2049 (2 heures et 43 minutes exactement), sonnés par la musique assourdissante du duo Hans Zimmer et Benjamin Wallfisch (Jóhann Jóhannsson, le compositeur islandais attitré du réalisateur ayant jeté l’éponge en cours de tournage), on se souvient d'un film d’une grande beauté, surtout porté par un casting impeccable. Ryan Gosling, toujours parfait quand il s’agit de jouer les taiseux, et Harrison Ford, 75 ans, mais encore capable de décocher une bonne droite au jeunot. Mais surtout les révélations féminines du film. Ana de Armas, qui incarne Joi, une IA amoureuse et altruiste qui partage le quotidien de K ; Mackenzie Davis, la prostituée aux cheveux roses ; et Sylvia Hoeks, alias Luv, la femme de main de Neander Wallace (le fabricant de réplicants qui cherche à percer le même mystère que K, campé par Jared Leto). Moins mystérieuses que l’énigmatique Sean Young qui incarnait Rachel dans le film de Scott, elles sont toutes les trois les visages inoubliables et incroyablement humains de Blade Runner 2049. La vraie force du film.


Critique publiée initialement sur Pop Up' / franceinfo.fr

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le 4 oct. 2017

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Elodie Nelson

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