Blade Ruinneur
Denis Villeneuve est un metteur en scène qu'on apprécie. Sicario, Enemy, Premier Contact... la plupart de ses œuvres sont puissantes, et on sait le bonhomme capable de mettre une beauté plastique...
le 4 oct. 2017
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Ce film est une anomalie. Alors que le cinéma actuel s’évertue à vouloir tout rendre plus gros, plus rapide et plus grand public, on se demande comment un film à 200 millions peut ressembler à ça. Mais revenons au début.
Blade Runner premier du nom, sorti en 1982, est un tournant majeur de l'histoire du cinéma de science fiction. Déjà, en terme de technique, c'est une petite révolution pour l'époque et encore aujourd'hui le film a de la gueule, c'est assez impressionnant. Mais il l'est aussi (et surtout) pour sa symbolique. Plus de 10 ans avant Ghost in the Shell, un film de SF traitait déjà de la notion d'humanité dans la robotique. Beaucoup ont été émus par le monologue Tears in rain sûrement une des scènes les plus marquantes du cinéma. Pour ce qui est de mon cas personnel, je n'ai vu ce long métrage qu'une seule fois et je pense qu'un film comme Blade Runner s'apprécie davantage après 2 ou 3 visionnages. J'apprécie donc ce film sans plus, en n'y accordant pas de plaisir personnel (un re-visionnage est prévu demain soir au moment de cette critique)
En prenant cela en compte, il est donc normal de se dire que je n'étais pas très hypé par la sortie de cette suite. Et pourtant je l'étais comme jamais. Ma plus grosse attente de 2017. Pourquoi cela ? Une seule chose: Denis Villeneuve. En voyant Premier Contact l'année passé, j'ai mesuré tout le talent qu'avait Denis Villeneuve et à quel point son style collait vraiment à Blade Runner. Mais même si la hype transperçait mon corps, j'avais également moult craintes: sera-t-il juste un remake du premier ? Le film sera-t-il intéressant ? Est-ce qu'on retrouvera l'esprit Blade Runner mais sans être le même Blade Runner ?
Bordel. Oui.
J'ai vu le film dès le mercredi soir et je crois, de mémoire, n'avoir jamais été aussi happé par un long métrage au cinéma. Dès la première scène, le ton est donné. Entre ces décors gigantesquement vide, et cette beauté magique, tout Blade Runner 2049 est résumé dans cette simple scène. C'est là déjà la première force de ce Blade Runner 2049, ce film est beau à s'en crever les yeux. J'avais peur que les plans de la BA ressortent beaucoup plus que les autres mais non, tout le film est aussi beau. Franchement, si Roger Deakins ne gagne pas un oscar, je pense que Kim Jong Un peut bombarder les USA et ce serait mérité. Malgré ces décors nouveaux, on reste totalement dans l'esprit du Blade Runner originel à une exception notable: tout semble plus calme. Plus de torrents de pluie, juste des rues calmes. Plus d'endroits très sombres, le blanc est ici omniprésent. Comme pour montrer que le monde a changé. On le voit aussi aux scènes d'actions. Là où Blade Runner en comportait quelques unes, ici, seule une demi scène d'action est présente. Le reste n'est que l'avancement de la quête de l'agent K. Parlons d'ailleurs de lui tiens ! (Jsuis le Edgar Wright des critiques en fait). Il ne cherche qu'à connaitre son passé, savoir qui il est réellement. Sa principale aide sera celle de Joi, une hologramme conçu pour être "whatever you want". Et si il fait tout cette enquête, c'est qu'il est seul, terriblement seul. Ne sachant pas qui croire: ses souvenirs ? sa patronne ? Joi ? Si il cherche à résoudre cette énigme, c'est pour accomplir quelque chose dans sa vie. Être enfin quelqu'un de spécial, même si il ne l'est pas de nature. On se projette ainsi à travers lui, en se demandant si notre existence a réellement un but, et si nous sommes réellement qui nous pensons.
Si j'ai dis en début que Blade Runner 2049 était une anomalie, c'est parce qu'il est tout sauf un blockbuster "classique", au contraire. Pas de grands méchants à vaincre, pas de grandes actions héroïques, pas de joie. Juste la noirceur et la dépression du monde. Il n'y a pas vraiment de grands moments de tristesse dans le film, juste des profonds moments de solitude et des questions vis à vis de notre rapport aux autres.
En réussissant à créer un film aussi philosophique, Denis Villeneuve prouve qu'il est un réalisateur important du cinéma moderne. Il arrive à prolonger la mythologie Blade Runner, non pas en faisant un meilleur film mais en le complétant.
Faire une suite à Blade Runner c'était culotté. La faire aussi bien,
c'est de l'insolence.
Nykola, 2017
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Créée
le 7 oct. 2017
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17 j'aime
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