Bled Ruiné

Qu'on se le dise, ce métrage est magnifique. Denis Villeneuve et son équipe ont fourni un travail de qualité, et le film reste fidèle à l'identité de l'oeuvre originale tout en réussissant à s'en affranchir. La photographie et la composition des plans sont réellement les grands points forts du film. Les ambiances sont très bien retranscrites et on se plonge dans ce monde futuriste les yeux grands ouverts.

Malheureusement, de belles images ne font pas forcément un bon film. Même si celui-là s'en sort mieux que beaucoup de blockbusters actuels, le scénario comporte encore de grosses bévues, que ce soit dans ses personnages ou sa narration, tout n'y est pas franchement limpide. Par exemple, le personnage joué par Jared Leto ne sert strictement à rien... Enfin si, il a un "rôle" : celui du grand méchant qui montre sa tête à l'écran pour qu'on sache qu'il existe... (Suicide Squad syndrome ?). Et malgré tout le respect que je dois à Harrison Ford, il ne sert pas à grand chose non plus. Même si le retour de Deckard n'est pas du pur fan-service comme on a pu observer dans The Force Awaken ou Jurassic World, le personnage a tout de même un goût de "venez acheter des tickets, je suis encore là". Parce que l'importance qu'il prend à l'écran est minime alors qu'elle est centrale dans le scénario, si bien qu'il est frustrant de le voir débarquer au milieu de rien et s'en aller presque aussitôt. On aurait préféré ne pas le voir du tout. En plus il faut avouer que le pauvre n'a pas la verve de sa jeunesse, son rôle s'en retrouve amoindri et son charisme est balayé par les plus jeunes.

D'ailleurs, Ryan Gosling est un point fort. Il porterai le film sur ses épaules si l'univers qui l'entourait n'était pas plus charismatique que lui. Son jeu tempéré mais juste nous permet de bien nous attacher au personnage. De plus, la romance bienvenue avec Joi, sa femme numérique, renforce notre empathie pour lui et ses enjeux. Cette dernière, campée par la jeune et sulfureuse Ana de Armas n'a rien à envier à son collègue masculin.
Robin Wright est également un des meilleurs personnages en femme autoritaire et maternelle. Quant aux autres, ils jouent correctement mais sans plus...

En tout cas, le scénario est plutôt cool, mais pas très bien raconté et beaucoup d'éléments faussement subtils tombent comme un cheveu sur la soupe. Le tout souffre de quelques longueurs qui font stagner l'histoire. Pour la musique, je ne sais pas quoi en penser : depuis que Hans Zimmer à découvert une grosse note de basse bien grasse sur Inception, il l'utilise à toutes les sauces. Ainsi, le procédé accentue le côté dramatique ou oppressant d'une scène, mais parfois et plus souvent il nous casse les oreilles. Pourtant, le sound design est plutôt efficace mais est étouffé par la bande sonore. Nous sommes bien loin de l'harmonie glacée générée par Vangelis dans le premier volet.

Cependant, même si les défauts s'accumulent un peu trop (particulièrement dans la deuxième partie), le film se regarde facilement, et reste un régal visuel.