Blade Ruinneur
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le 4 oct. 2017
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Je n’ai pas grand-chose à dire sur ce film : tout a été déjà dit, en bien et en mal. Et puis, je l’ai vu et je l’ai adoré ; je l’ai revu et j’ai moins aimé.
Juste un petit détail, alors : la récurrence des glitchs (ces petites défaillances électriques sur les ordinateurs, grosso modo). Il y en a au moins 3 : lorsque le logo d’une major apparaît avant le film / lorsque la formidable Joi dysfonctionne / au moment de l’hologramme d’Elvis.
Qu’est-ce que ces bugs signifient ? j’esquisse des pistes de réflexion :
Le glitch Elvis : serait-ce le signe d’une technologie qui bat de l’aile ? ça c’est la tradition SF, le film est là pour nous délivrer un avertissement : la technologie n’est pas si fiable que ça, elle déconne ; pour diffuser le concert d’Elvis, mais aussi lorsqu’il est question du « black out » de 2022 qui a effacé toutes les données sur circuit imprimé. Dès lors, il est aussi question de la pérennité de la mémoire que l’on confie aux machines... (Je ne creuse pas cette piste, mais je l’aime bien)
Le glitch du générique : serait-ce l’indice d’une grosse production corrompue de l’intérieur ? ça c’est l’analyse méta, qui est toujours marrante à formuler. Epique, aussi : le David / Denis Villeneuve qui réussit à faire face au Goliath / Hollywood, et à affirmer son style lent et calme contre le canon de la production contemporaine. Il fait littéralement trembloter la major, amène des petites imperfections dans une machine si bien huilée. (Cette piste est tirée par les cheveux, mais c’est un prétexte pour parler du contexte de production du film, sans doute passionnant)
Le glitch Joi : serait-ce l’occasion de tenir un discours sur l’homme et la machine ? on en revient à des thématiques SF, mais avec de la hauteur. Pourquoi Joi est un si beau personnage ? parce que sa faillibilité de machine, sa propension au bug, la rend émouvante… et humaine. Une machine dont le désir est d’être humain, c’est banal, mais c’est quand même vertigineux. Et on retombe sur l’idée la plus belle (et la plus cruelle) du film : le (faux-) espoir de K. qui lui aussi se voudrait plus humain qu’il ne l’est.
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Créée
le 4 nov. 2017
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