Blade Ruinneur
Denis Villeneuve est un metteur en scène qu'on apprécie. Sicario, Enemy, Premier Contact... la plupart de ses œuvres sont puissantes, et on sait le bonhomme capable de mettre une beauté plastique...
le 4 oct. 2017
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40
Évacuons tout de suite le débat de la durée excessive ou non de ce film : un niveau de beauté pareil, ça ne peut pas durer trop longtemps, alors arrêtons un peu de geindre. Les Français passent 4 heures par jour devant la télé à regarder le Bigdil ou Jean-Pierre Pernaud, et d'un coup, il faudrait qu'une merveille cinématographique soit réduite au format d'Arabesque ? C'est une blague ou quoi ? Les gens veulent se contenter du clip du Grand Bleu, peut-être, pour remplacer le film ? Ou de la bande annonce de Danse avec les loups pasqu'ils ont des fourmis dans les fesses au bout de 5 minutes ? Soyons sérieux. Si la vision du futur de Denis Villeneuve, dense, sombre, riche, fourmillante et somptueuse ne mérite pas ses presque 3 heures, à quoi réserver cette longueur, alors ? Et puis il lui fallait bien ça ne serait-ce que pour exploiter toutes les possibilités du jaune. Après, les daltoniens peuvent y trouver à redire, mais les autres n'ont aucune excuse. Doré, mordoré, orangé, éteint, flamboyant, voilé de gris, dans un écrin de charbon, citrin à souhait, de quinacridone, mimosa ou ambré, peu importe, il est décliné dans toutes ses nuances glorieuses à longueur de film, et ça, je vois mal comment ça pourrait lasser. Je ne me lance même pas dans l'exposition des innombrables thèmes propices à la méditation semés comme autant de pistes pour notre élévation (la solitude, la conscience, l'intelligence artificielle, la paternité, l'accession à l'humanité, les relations interpersonnelles, les nouvelles technologies, la bioéthique, etc, à peine plus vaste et profond que le champ exploré depuis 40 ans par Woody Allen...), je le laisse à l'appréciation de chacun. Au pire, ça donnera la scène étonnante (je neutralise mon adjectivation par prudence, on se connaît tous, ici) à laquelle j'ai assisté en sortant de ma séance d'hier : un adolescent hagard qui répétait en boucle à son père, en guise de bilan sur cette pépite foisonnante "C'était un film... c'était un film...". Mais finalement, c'est bien là l'essentiel, en effet : voilà ce que le cinéma peut produire de plus ambitieux, à mon sens. Chaque image est un tableau de maître et le fourmillement d'idées contenu dans chaque plan stimulerait un cerveau cryogénisé depuis plus de 900 ans. Pour peu qu'on ouvre un peu les yeux et qu'on arrête de se focaliser sur le lapidaire "beau mais long" dont on nous a rebattu les oreilles depuis le début. Comment peut-on faire à ce point l'économie des côtés sociologique, psychologique, philosophique voire littéraire de cette œuvre ? A mon sens, le cinéma se hisse ici à la hauteur du roman (que je place tout en haut de la pyramide des œuvres humaines par sa complexité et sa subtilité, même quand il s'agit d'un roman graphique...). Voilà, c'est ça, c'est un roman cinématographique, et ça, c'est tellement rare que ça méritait mes 10 étoiles assorties d'un coup de cœur ! Profitez, j'ai l'enthousiasme rare.
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Créée
le 4 nov. 2017
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