A la recherche d'un passé désabusé

Blade Runner, c’est avant tout un film de science-fiction mal aimé des années 80 qui a réussi à obtenir son statut culte au fur et à mesure des années, grâce au sens de la perfection de Ridley Scott. C’est Denis Villeneuve cette fois-ci (qui a récemment adapté le livre de science-fiction Premier Contact) qui a la lourde tâche de perpétuer cet héritage.

Le résultat est avant tout une expérience visuelle et sonore. Pour le voir, assurez-vous d’avoir les meilleures conditions possibles sinon vous vous retrouverez comme moi, dans une salle avec des haut-parleurs datés et un son qui crépite. Cette ambiance sonore se veut immersive et veut répliquer la cacophonie des véhicules volants grâce à des percussions et d’un synthétiseur tout en alternant avec quelques moments de tendresse, accompagnés de beaux airs de piano. Les visuels sont tout aussi incroyables, que ce soit la photographie, la réalisation où les effets spéciaux, mélangeant des effets réels et du CGI. On échappe ainsi à l’esthétique fond vert que l’on retrouve beaucoup trop souvent dans des films à gros budget.

Ryan Gosling, le protagoniste principal, étonne en être synthétique et a rarement été aussi expressif dans un film. Pendant l’intégralité du film, il part en quête d’humanité dans un monde où les Réplicants sont les parias de la société. Sylvia Hoeks, une actrice néerlandaise qui fait ses premiers pas dans le système américain, joue avec brio le rôle d’une antagoniste froide aux épaules solides mais à l’âme d’enfant. On remarque aussi les fortes performances d’Ana de Armas (qui n’est pas habituée à ce genre de rôle mais qui a rarement aussi ému), Mackenzie Davis, Robin Wright, Dave Bautista et Harrison Ford, sans qui le film n’aurait pas la même saveur.

Blade Runner 2049 brille aussi par son scénario, en évoquant plusieurs réflexions intéressantes : les êtres synthétiques et les intelligences artificielles pourraient-ils être conscients ? Comment retrouver une nature au milieu d'un enfer de béton ? Qu'est-ce qui fait de nous des êtres humains ? Autant de problématiques pour produire un film de science-fiction pertinent et intelligent.

Villeneuve nous pond ainsi une œuvre de 3h de contemplations d'un monde cyberpunk stylisé et ça ne peut pas plaire à tout le monde. Cela n'en reste pas moins un chef d'œuvre, distinct de l'oeuvre originelle, qui donne une bonne bouffée d'air frais à un genre paralysé par des éternels remakes.