Oubliez les mauvais « Blanche-Neige » sortis dernièrement, que ce soient les versions Hollywoodiennes sans saveurs ou les versions série B frisant le ridicule ; avec « BlancaNieves », le réalisateur s'approprie réellement l'oeuvre en l'intégrant efficacement dans une culture espagnole dont il est originaire, des années 20.
D'ailleurs, « BlancaNieves » n'est pas qu'une bonne adaptation, c'est aussi le meilleur film muet depuis belle lurette, qui montre encore une fois qu'il faudra reconter sur cette autre façon de raconter, pour moi bien différente du parlant. Si l'on excepte quelques aspects techniques tout à fait moderne, ce film aurait pu être sortie dans ces années.
Malgré ce changement spatio-temporel par rapport à l'oeuvre d'origine, nous rentrons dans ce film comme dans un conte, la beauté de la photographie noir et blanc et des plans y est pour beaucoup. C'est assez sombre mais l'oeuvre original ne l'est pas forcément moins. Le montage exagère un peu parfois sur certains effets typiques du muet (l'incrustation de la tête de poulet par exemple) ce qui est un des seuls bémols.
Mais là où le film fait des merveilles, c'est dans sa qualité d'écriture. En plus de réussir à intégrer une histoire de corridas là-dedans, tout en évitant d'en faire l'apologie, il reprend dans une forme nouvelle les éléments de narrations du conte original. Pour exemple, le miroir magique au mur est remplacé ici par la couverture de magazines People ce qui permet de glisser une petite critique ironique à notre société contemporaine. Ces coups de génies sont nombreux dans le film, je ne vous en dévoile pas plus pour vous laisser les découvrir, jusqu'à cette fin magique et tragique qui n'est pas sans nous rappeler « Freaks ».
Ce dernier, autre grand film « hymne à la différence » se reflète aussi dans le fait que le prince charmant de « Blancanieves » ici est un nain. Peu de film se sont permis de vanter à ce point la différence, celui-là le fait et prône d'autres valeurs d'une façon tout aussi juste en glissant une bonne critique sur notre société. Tout ce que vante la bande-annonce est dans le film, même plus. Un enchantement, pratiquement aussi beau que Disney donc, pourtant dix années plus tôt
Strangeman57
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le 4 févr. 2013

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