Le néo-muet est à la mode semble-t-il, la comparaison avec Tabou ou The Artist semble facile et l'on pourrait lui reprocher de surfer sur cette mode, mais le projet date pourtant de 2004. Un long projet enfin mené à terme.
Réadapter Blanche-neige dans un style burlesque (les nains mineurs ici étant remplacés par des toreros nains - dont un travesti - pour vous donner une idée du gap avec le conte de Disney) de manière sombre, tragique et dans l'Espagne des années 20 est un pari risqué, mais réussi au final.
Et que dire, si ce n'est magnifique. La photo est tout simplement superbe, la mise en scène avec ses jeux d'ombres et de lumières l'est tout autant. L'esthétique du film est à tomber, les effets sont réussis. La musique est incroyable, nous fait véritablement vivre le film et remplace la parole à merveille.
On pourrait vanter la mise en scène et la photo pendant longtemps, et on pourrait en faire tout autant sur l'actrice principale qui est sublime (fallait bien ça pour jouer Blanche-neige quand même).
Les personnages sont touchants et réussis, même si certains sont bien trop peu exploités, seul deux des nains ont un rôle dans l'histoire finalement.
La « sorcière » du film est elle aussi très bien, correspondant bien à l'image qu'on se ferait d'une sorcière moderne : d'une beauté froide et violente, adepte de la manipulation qui lui vaut d'avoir une emprise sur les hommes importante, vénale et cruelle.
Les acteurs sont bons, sans trop en faire dans la caricature des acteurs des années muettes, chose qui avait semble-t-il rebuté certains dans The Artist justement. Toujours dans la comparaison avec l'oscarisé français, Blancanieves ne se contente pas de « récréer » un film hollywoodien et de faire dans l'hommage constant, mais tente véritablement de faire un film avec une identité propre, inscrite dans sa culture et son temps. Combinant hommage au cinéma muet et à la culture espagnole et de la tauromachie avec des moments de pure poésie, le film se démarque bien assez de The Artist sur la forme mais tout autant sur le fond.
Beaucoup de clins d’œil, de références ou de reprise d'idée du monde des frères Grimm.
La fin est magique et mettra à rude épreuve la virilité de certains sans doute.
Un projet audacieux mené à fond jusqu'au bout, rien de plus à dire.
Mon coup de cœur de ce début d'année. Allez-y les yeux fermés.