Deuxième film de Winding Refn qui se hisserait presque au niveau de Pusher si le scénario n'allait pas trop loin dans le glauque qui justifie tout le reste. Encore une fois, Kim Bodnia d'une froideur implacable est assez scotchant en mari déboussolé par la venue d'un enfant qu'il ne souhaite pas. Bourru, silencieux, violent et ignoble, il parvient pourtant à transmettre l'empathie d'un homme simple et c'est toute la force de cet acteur déjà hallucinant dans Pusher. Mads Mikkelsen et Slatko Buric sont parfaits en gérants de vidéoclub Clerksiens, l'un spécialisé dans le cinéma de genre, accessoirement les classiques, l'autre dans le porno. Il y a de belles scènes intimes aussi, comme lorsque Mads Mikkelsen suit son amoureuse (Liv Corfixen, femme de Winding Refn), sur le chemin avant de s'en aller sur un coup de tête. La tension est très présente avec l'interférence du frère protecteur lui aussi remarquablement habité par Levino Jensen, petit trapu tout en nerfs.
Reste que le film est particulièrement pesant. La violence de Refn toute Miikéenne et Kitanesque atteint des sommets lors de la partie finale qui repousse les limites du mauvais goût ce qui ravira l'amateur d'ambiance glauque. Tout serait donc parfait si ce fameux glauque ne justifiait pas tout jusqu'à devenir grotesque et d'enjamber joyeusement les thématiques abordées. Pas génial pour un film qui se veut porté sur le réalisme du quotidien.
Reste que le côté Clerks de Mads Mikkelsen mis en parallèle avec la descente aux Enfers de Kim Bodnia dans la violence conjugale, ça vaudrait presque 7.