Quand j’ai vu la bande-annonce et le clip Easy Come, Easy Go, j’ai d’abord été méfiant. Le côté ghetto, bad boy, bavure, j’ai eu peur que le film ne tombe rapidement dans les clichés. On pourrait appeler ça l'effet Blindspotting, parce que ce film met littéralement une claque !
Ce qui frappe, c’est d’abord la justesse du jeu. On sent que les scénaristes et acteurs principaux, Daveed Diggs et Rafael Casal, connaissent leur arène, les lieux, les gens dont ils parlent. Amis de longue date, on ressent leur complicité à l’écran, et cela donne une fraîcheur, et une authenticité au film. Ils se chambrent, ils s’engueulent avec une telle sincérité, que l’on se laisse embarquer sans retenue.
Ce qui surprend également, c’est cette trajectoire de comédie musicale que le film prend aux moments les plus intenses, et qui donne un tempo, un rythme, une énergie qui m'a fait vibrer. Plutôt que des chansons, on a des slams posés et engagés, puissants et décomplexés. Intégrés dans le scénario, ils font corps avec l’histoire, et on passe du dialogue à la poésie avec virtuosité.
Quant au rythme, il est impeccable et l’imbrication des différentes sous-intrigues bien pensée. Ce film capte l’instant présent, celui d’une mutation en marche, inarrêtable, qui remodèle profondément les quartiers et les gens. On y aborde pêle-mêle et avec justesse, les thématiques de la rédemption, de la culpabilité, de la justice vs liberté, les inégalités sociales et raciales, ou encore la boboïsation des quartiers populaires.
Bref le gros gros coup de cœur de cette rentrée, à voir sur grand écran.