Quand j’ai vu la bande-annonce et le clip Easy Come, Easy Go, j’ai d’abord été méfiant. Le côté ghetto, bad boy, bavure, j’ai eu peur que le film ne tombe rapidement dans les clichés. On pourrait appeler ça l'effet Blindspotting, parce que ce film met littéralement une claque !


Ce qui frappe, c’est d’abord la justesse du jeu. On sent que les scénaristes et acteurs principaux, Daveed Diggs et Rafael Casal, connaissent leur arène, les lieux, les gens dont ils parlent. Amis de longue date, on ressent leur complicité à l’écran, et cela donne une fraîcheur, et une authenticité au film. Ils se chambrent, ils s’engueulent avec une telle sincérité, que l’on se laisse embarquer sans retenue.


Ce qui surprend également, c’est cette trajectoire de comédie musicale que le film prend aux moments les plus intenses, et qui donne un tempo, un rythme, une énergie qui m'a fait vibrer. Plutôt que des chansons, on a des slams posés et engagés, puissants et décomplexés. Intégrés dans le scénario, ils font corps avec l’histoire, et on passe du dialogue à la poésie avec virtuosité.


Quant au rythme, il est impeccable et l’imbrication des différentes sous-intrigues bien pensée. Ce film capte l’instant présent, celui d’une mutation en marche, inarrêtable, qui remodèle profondément les quartiers et les gens. On y aborde pêle-mêle et avec justesse, les thématiques de la rédemption, de la culpabilité, de la justice vs liberté, les inégalités sociales et raciales, ou encore la boboïsation des quartiers populaires.


Bref le gros gros coup de cœur de cette rentrée, à voir sur grand écran.

gifstoire
9
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.

Créée

le 4 oct. 2018

Critique lue 4.7K fois

25 j'aime

gifstoire

Écrit par

Critique lue 4.7K fois

25

D'autres avis sur Blindspotting

Blindspotting
David_Smadja
8

« Blindspotting » de Carlos Lopez Estrada – La chronique méchamment gentrifiée !

Très jolie surprise que ce « Blindspotting ». Pas étonnant qu’il ait remporté le Prix de la Critique début septembre au dernier Festival de Deauville. Chronique douce-amère du racisme ordinaire, «...

le 3 oct. 2018

13 j'aime

Blindspotting
seb2046
7

Welcome to Oakland City !

BLINDSPOTTING (15,2) (Carlos Lopez Estrada, USA, 2018, 95min) : Séduisante chronique percutante narrant le quotidien de deux amis d'adolescence, Collin un black en liberté conditionnelle encore...

le 5 oct. 2018

10 j'aime

Blindspotting
ClotildeNg
8

‘I rap cuz that’s the only way they listen’

Le superbe *Blindspotting*, réalisé par Carlos Lopez Estrada et scénarisé par les deux acteurs principaux et amis de longues dates, Rafael Casal et David Diggs, est époustouflant dès les premières...

le 14 oct. 2018

5 j'aime

Du même critique

Un peuple et son roi
gifstoire
5

un volet d'Assassin’s Creed mais sans intrigue ni templier

La cause est entendue, la sentence irrévocable, le dernier roi des Français doit mourir et il ne peut en être autrement. Mais savez-vous combien de temps s’est écoulé entre la prise de la Bastille et...

le 26 sept. 2018

15 j'aime

6

Crazy Rich Asians
gifstoire
3

un stéréotype de comédie romantique

Crazy Rich Asians est le stéréotype de comédie romantique conçue pour plaire à un public de teenager: de belles robes, de beaux bijoux, des acteurs/actrices apprêtés qui évoluent dans un milieu de...

le 7 nov. 2018

4 j'aime

Bohemian Rhapsody
gifstoire
7

L'effet Kiss Cool de Bohemian Rapsody

Bohemian Rapsody est un film qui nous a hérissé le poil, autant pour ses scènes de concerts grisantes et énergisantes que pour ses approximations scénaristiques et sa genèse chaotique. Outre un...

le 1 nov. 2018

2 j'aime