Le superbe *Blindspotting*, réalisé par Carlos Lopez Estrada et scénarisé par les deux acteurs principaux et amis de longues dates, Rafael Casal et David Diggs, est époustouflant dès les premières minutes du films. Tourné à la façon d’un bon clip de rap américain, sur un fond hip hop, évidemment, il soulève des questions politiques et sociales actuelles, et cela modernement.
Après un split screen vertical nous montrant le *lifestyle* d’Oakland, le film s’ouvre sur notre personnage principal, Collins, lors des résultats de son jugement. Il a un an à passer en liberté conditionnelle, c’est à dire ne pas dépasser un certain périmètre, respecter un couvre-feu, trouver un travail et éviter tout problèmes avec la justice. Trois jours avant la fin de cette liberté, il sera témoin du meurtre d’un noir par un policier, et tentera tant bien que mal de garder son calme durant ces trois derniers jours.
Le plus attrayant de ce film est qu’il est loin de tomber dans le cliché du *gangsta* qui tente de devenir « quelqu’un de bien ». Les personnages ici se questionnent sur des phénomènes et comportements sociaux actuels : le racisme aux Etats-Unis du XXIe siècle, l’égalité des chances ou encore la gentrification. On y voit blancs, noirs, jaunes, hipsters ou gangsters, se jouer des coudes pour trouver leur place dans un Oakland en pleine évolution.
Tout un bordel prend lieu sous des couleurs éclatantes, une authentique complicité entre les deux personnages principaux, et une bande son bouillante. Les blessures de chacun sont retranscrites en poésie, à travers l’art du rap ou du slam, et montre la réalité d'un quotidien compliqué sans tomber dans le drama.
Un film sensationnel, qui révolte, tout en jouant sur le chaud et le froid telle que la vie sait le faire. Grosse grosse réussite pour un premier film, de la part du réal comme des acteurs et scénaristes !