un volet d'Assassin’s Creed mais sans intrigue ni templier

La cause est entendue, la sentence irrévocable, le dernier roi des Français doit mourir et il ne peut en être autrement. Mais savez-vous combien de temps s’est écoulé entre la prise de la Bastille et l’exécution de Louis XVI ? Quelques jours, quelques semaines, quelques mois peut-être ? Que Nenni ! Revoyez votre copie !


3 années !!! 3 longues années se seront écoulées entre la chute de la première pierre de la Bastille le 14 Juillet 1789 et celle de la tête du monarque déchu, le 21 Janvier 1793. Et c’est cette période que le réalisateur Pierre Schoeller, déjà connu pour l’exercice de l’Etat ou encore Versailles, a décidé de couvrir dans ce film historique : Un peuple et son roi !


Alors, de quoi parle-t-on au juste, du peuple, du roi, de politique, des députés de la toute jeune assemblée nationale ?


Ici les destins des gens du peuple et celui des figures historiques se croisent à des moments décisifs de la révolution. On assiste ici à l’émergence d’une conscience politique, l’émancipation du peuple des faubourgs, la naissance de la citoyenneté, les balbutiements d’une nouvelle existence. Une France insoumise, sans culottes et sans Mélenchon, mais avec une pléiade de comédiens qui jouent particulièrement bien.


Et pourtant, le film tente à tout prix de personnifier la foule, de lui donner une identité, une âme, une dynamique, d’en faire le principal protagoniste. Mais à trop croiser les destins d’individus si différents, on ne s’identifie au final à personne, on s’y perd et l’on ressort du film avec le sentiment d’avoir vu une belle fresque historique sans avoir éprouvé d’émotions sincères.


La question se pose donc de savoir si l’on vient voir une histoire ou l’histoire avec un grand H ? Ce film est à l’image d’un manuel scolaire en réalité augmentée, à qui il manquerait des pages ; un volet de Assassin’s Creed mais sans intrigue ni templier. Le film nous abreuve de personnages, de héros du quotidien, de destinées de gens ordinaires que l’on ne fait au final que survoler. Cela me rappelle, sans nostalgie aucune, les chapitres de mes bouquins d’histoire consacrés aux métiers d’époque. Ici nous subissons celui d’un souffleur de verre qui prend sous son aile un voleur de poule repenti couchant avec sa fille lavandière et révolutionnaire. Tout un programme.


Alors, oui, la photographie du film est splendide, l’absence d’éclairage électrique et l’utilisation proéminente de lumière naturelle donne un cachet très particulier; les contrastes habillent les visages, les costumes apportent de l’authenticité. Les députés y déclament leur discours, les vrais discours, ceux consignés dans les archives de la BnF et que vous pourriez retrouver sur gallica.bnf.fr, tout juste éludés au montage pour dynamiser le propos.


Mais si vous ne connaissez pas bien l’histoire de cette période complexe qu’est la Révolution Française, alors vous serez complètement perdu : Les évènements s’enchainent sans séance de rattrapage et la découpe du film en chapitres affublés d’un carton avec une date en lettre gothique n’y changera rien.


Un peuple et son roi est donc un très beau film mais avec une intrigue assez molle et qui nécessite de lire un que-sais-je avant la projection.

gifstoire
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le 26 sept. 2018

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gifstoire

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