Au début du film il y a un avertissement sur des scènes qui pourraient faire recracher leurs KitKat aux épileptiques. D'habitude, j'assimile ces mise en garde comme j'ai assimilé celles de professeurs principaux qui nous mettaient en garde sur la charge de travail à fournir au fur et à mesure que je m'enfonçais dans l'éducation nationale. Donc autant dire que je n'ai pas prêté attention à ce stupide carton.
Ce fut ma première erreur.
Le générique qui a suivi la prophétie m'a rappelé à l'ordre, donné raison à tous mes professeurs et j'ai commencé à me mettre en PLS. J'ai aperçu ma voisine commencer à dégainer son iPhone pour filmer au cas où je ferais une crise si et m'afficher sur sa story pour glaner quelques likes.
Après cette première mise en bouche sur fond de musique (qui est très agréable cela dit, un travail remarquable a été fait sur la BO), nous voilà propulsé au cœur de la vie de Dezz. Nous sommes d'ailleurs tellement propulsé que nous pouvons presque toucher le grain de sa peau. Ah non en fait c'est juste le grain de la pellicule 16mm gonflée et tirée en scope. Je sais que l'argentique fait son come back, surtout quand tu vois qu'un compact des nein tize coûte le loyer d'une chambre de bonne dans le XXème, mais là ça fait un peu trop gimmick. Qu'on soit clair, le directeur de la photographie exploite parfaitement les tons si particuliers de la Kodak, du moins dans la première partie du film lors des très belles séquences de balades au coucher du soleil. Il y a quelques plans de nuits qui rendent bien, toujours ceux où l'héroïne conduit en ville. En fait, en je me rends compte écrivant ces lignes que le film aurait été parfait avec juste ces séquences et la bande son. Mais ça aurait fait court métrage publicitaire. Donc pas un film de genre.
Parce que oui, à part ses qualités graphiques et sonore, le film essaie quand même de nous parler des angoisses de la création artistique, le syndrome de la feuille blanche. Du moins ce que je pensais avoir compris.
Ce fut ma deuxième erreur.
Le montage nerveux où les plans courts s'enchaînent, la caméra à l'épaule qui part dans tous les sens, tout ça sont des effets censés retranscrire les effets des psychothropes que la protagoniste prend pour essayer de peindre. Cependant, plus le film avance et plus cette dernière est dénudée. Ce qui n'est pas gênant en soi, mais me donne cette étrange impression que le metteur en scène prenait plus de plaisir à nous montrer son actrice à walpé que faire avancer son intrigue.
Par ailleurs, ils ont recruté le même type pour les maquillages FX qui travaillait sur Power Rangers la série. C'est ce qui arrive quand tu fous toutes tes thunes dans la prise de vue car tu veux absolument tourner en pellicule.
Les cinéphages avertis seront heureux de voir des références picturales à leurs senseis : Nicolas Winding Refn et Gaspard Noé. En même temps, dès qu'il y a des néons on fait référence au premier et quant au second il suffit que les mouvements de caméras se passent sur trois axes pour pour qu'on l'associe tellement le cinéma actuel est en 2D.
Ah au fait, je vous ai dit que la bande son était cool ? Non ? Bah elle est cool.