Oliver Twist sous les bombes

Au début de la Seconde Guerre Mondiale, alors que Londres subit les bombardements de l'armée allemande dans une opération nommé Blitz, une femme envoie son fils métis loin de tout, dans la campagne. Mais le garçon ne peut se résoudre à abandonner sa mère et saute d'un wagon afin de la retrouver.

Après que Steve McQueen eut réalisé un documentaire, de plus de quatre heures sur Amsterdam durant la guerre, il reste dans cette même période, mais du côté de l'Angleterre, et plus particulièrement des habitants de Londres, soumis à la peur des bombardements, aux sirènes incessantes qui leur intiment l'ordre de se réfugier dans les métros ou autres abris. L'inspiration est clairement du côté de Charles Dickens, avec cet enfant métis qui veut revoir sa mère en dépit des risques encourus, et il va devoir se lier avec d'autres adultes, dont un soldat noir ou des voleurs qui passent après les bombardements pour faire du pillage, tandis que sa mère essaie de vivre malgré tout, y compris à aller en soirée dansante avec des amies qui, pour cacher le manque de moyens, se dessinent des bas résilles à même leurs jambes.

Même si on peut reprocher un manque d'émotions ou que l'enfant, Elliott Heffernan, n'est pas très juste, je suis néanmoins séduit par la mise en scène de McQueen, qui filme là aussi un Londres un peu propre, mais qui serait comme un conte macabre. Et rien que la scène terrible du dancing, où au-dessus d'eux est larguée une bombe qui va tuer l'ensemble de la salle bondée, est incroyable de tension, car on ne verra rien, mais juste on entend le son d'un sifflement qui se fait de plus en plus fort jusqu'au silence absolu. De plus, Hans Zimmer réussit une musique sans être grandiloquente. Ajoutons à cela l'excellente Saoirse Ronan, la mère courage, et on a là un très bon film, d'un réalisateur qui ne m'a jamais déçu.