Cinquième des sept films du duo Sternberg/Dietrich, Blonde Venus fut un échec commercial et est considéré comme «le moins réussi de leur association» par Thierry de Navacelle (Sublime Marlène, éd. Ramsay). Pourtant ce mélodrame ne manque pas de qualités: la jolie scène introductive (très osée pour l’époque et inimaginable quelques années plus tard sous le régime Hayes), où le personnage de Marlène et ses amies sont surprises en train de se baigner nues dans une rivière, est à la fois drôle et très poétique. Les trois séquences musicales sont également remarquables, particulièrement la première, où Dietrich apparaît sur scène sous un déguisement de gorille dont elle se débarrasse peu à peu, laissant apparaître ses mains puis son visage, avant de revêtir une perruque blonde afro pour interpréter un Hot Vodoo aux rythmes et au texte forcément torride. Pas très crédible, le scénario est surtout l’occasion pour Sternberg et son costumier Travis Banton d’habiller Dietrich de toutes les manières possibles: outre la peau de singe déjà citée, elle apparaît en modeste femme d’intérieur, dans les tenues élégantes que lui offre Cary Grant, puis affublée d’une robe toujours plus défraichie et d’un chapeau de paille élimé à mesure qu’elle tombe dans l’indigence, avant de réapparaître à Paris en frac blanc brillant de mille feux, sans oublier la scène finale où elle se présente chez son mari dans l’espoir de revoir son fils somptueusement vêtue d’une robe de soie noire qui ne l’empêche pas de retrouver les gestes tendres de la mère tendre et aimante qu’elle n’a jamais cessé d’être. Ce fut la seule fois de sa carrière que Marlène joua le rôle d’une mère et sa prestation nuancée se révèle particulièrement attendrissante.