Un gamin se fait mordre et chope une maladie vénérienne qui le pousse à boire du sang au lieu de finir ses brocolis. Alors que ni le résumé ni la bande-annonce ne donnaient spécialement envie, ce truc a quand même réussi à m'énerver et me décevoir, car j'espérais au moins me retrouver devant un film d'horreur grand-public un tant soit peu efficace.
Dès le début, Blood annonce la couleur avec une grosse demi-heure d'intro chiante à pleurer. On vous présente deux morveux et leur maman divorcée parce que papa passait trop de temps dans la femme de ménage. Remarié, un enfant, ce dernier n'est pas très gentil avec son ex-femme névrotique qui se remet tout juste de sa détresse psychologique et se voit obligée de-- TA GUEULE ! Merci, film, mais tu t'appelles Blood, est-ce qu'on pourrait en avoir un peu, au lieu de vomir du drame familial de mauvais sitcom ?
On se croirait dans Desperate Housewife, sans l'humour, et j'ai beau avoir un gros faible pour Michelle Monaghan, son joli minois ne suffit pas à faire passer une pilule de ce calibre. Et je ne m'attarderai pas sur toutes ces mélodies tristounes au piano pour ponctuer la tristesse de ces scènes tristes, parce qu'elles semblent tout droit sorties d'une compilation de musique libre de droits.
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D'un point de vue formel, il n'y a pas grand-chose à dire : la mise en scène est correcte et c'est le plus gros compliment que je ferai au film. Maintenant, passons à tout ce qui ne va pas.
Passé cette interminable introduction, le film se déroule alors sans aucune surprise si vous avez vu la bande-annonce. Si ce n'est pas le cas, c'est sûrement moins pire, car le film n'a vraiment rien d'autre de plus que ce que révélaient ces deux minutes de trailer. Je m'attendais à ce que les péripéties relatées dans la bande-annonce couvrent environ un tiers du film, qui partirait alors dans des directions surprenantes.
- Le gamin se serait dégradé bien plus violemment, jusqu'à tuer sa sœur, bouffer le bébé, grignoter la vieille.
- La mère aurait continué sa descente aux enfers pour le protéger envers et contre tout, et il y avait du potentiel pour de belles scènes de tensions entre elles et sa prisonnière.
Au lieu de ça, le film s'enlise dans de bons sentiments sur le thème de l'amour maternel et que ne ferait pas une maman pour protéger son p'tit boudchoux, même après qu'il s'est transformé en une goule dégueulasse assoiffée de sang.
Le plus gênant, c’est que sous cette couche de guimauve, le film est d'une moralité très douteuse, mais ne semble même pas s'en rendre compte.
C'est même confirmé à la fin par la réplique de la gamine à sa mère qui lui dit "c'est bon maman, t'as fait ce qu'il fallait". Mais au secours.
D'ailleurs, comme pour essayer de sauver les meubles de la bonne morale américaine, ce n'est pas le gamin qui tue la vieille, hein, elle a juste un accident de barbelés et s'est tuée toute seule d'une manière absolument conne, histoire de ne pas montrer le gamin la saigner vivante. Bah oui, maintenant qu'elle est cannée, on va pas gaspiller la nourriture.
Et pourtant, le potentiel était tellement là qu'ils ont réussi à me redonner espoir vers la moitié du film. La scène de la voiture, quand la mère raccompagne la vieille, puis le début de leur relation de séquestration. Là où ça merde, c'est que le film ne rend même pas compte que la mère part en vrille et continue de considérer que ce qu'elle fait est absolument justifié. Et comme tout est de son point de vue, il n'y a jamais de remise en question.
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Parce que bon, arrêtons-nous un instant pour prendre un peu de recul. Quand son gosse est malade et se met à boire du sang, elle pourrait en parler immédiatement au médecin et trouver un traitement, non ? Bah ouais, mais y aurait pas du film. Au lieu de ça, elle en fait un secret sans aucune putain de raison.
Et à la fin, quand il fait sa crise et essaye de bouffer sa sœur, la mère le maitrise sans mal - c'est un gamin après tout - et il ne parait plus spécialement dangereux. Elle décide alors de le tuer de ses mains en le noyant dans la boue au lieu de... l'emmener à l'hôpital pour essayer de le faire soigner ? Là non plus, ça n'a aucun putain de sens, c'est dément et absurde et le film ne s'en rend pas compte, BORDEL !
Pardon, je suis un peu émotif, mais j'imagine un film moins con et plus audacieux où la mère tuerait les flics qui viennent lui rendre visite, puis son ex-mari, manipulerait sa fille pour garder le secret. Là, on tiendrait un thriller psychologique tendu du slip. Au lieu de ça, on a du vomi refroidi qui reste dans les clous de la bonne morale Chrétienne... enfin, en version très tordue. Quel gâchis.