Bedevilled est un condensé de films qui l'ont précédés. Il n'a rien d'exceptionnel même s'il tente d'être plus beau qu'il ne l'est. Le cinéaste pose l'action, enchaîne les évènements de manière grossière jusqu'au tout sanglant grand-guignolesque. Ce qui manque à ce Bedevilled c'est la coercition, de la consistance, une émotion aussi que l'auteur ne parviendra jamais à insuffler avec sincérité, noyant son sujet dans une surenchère de violence et d’artifice. Une violence amenée encore une fois grossièrement comme s'il fallait seulement montrer l'une des héroïnes malmenée par un entourage détestable pour que cela marche et qu'on emboîte le pas. Le vieil adage cinématographique dit en gros : "lorsque l'injustice frappe le héro, le public épousera sa vengeance". Ce n'est pas tout. Il s'agit de donner du corps à l'ensemble et le premier degré employé se fourvoie dans un résultat a contrario du but recherché. On ne parvient jamais à s'accrocher aux personnages même avec tout le malheur qui s'abat sur eux. Il en devient énervant de voir un cinéma qui se copie/colle les cahiers des charges d'un film à l'autre. L'histoire se voit venir sans surprise, les personnages virent dans le caricatural à l'image du jeu des acteurs, ça en devient lassant et consternant. Ceci toujours au premier degré. Ce cinéma coréen n'est plus que l'ombre de lui-même. Jang Cheol-soo se prend malheureusement trop au sérieux et la fibre dramatique qu'il tente de mettre en scène en devient risible. Et ces acteurs peinturlurés de fond de teint pour faire "bronzer" ? Il n'y a même pas le souci du détails de ce côté-là alors que Seo Yeong-hee (The Chaser, 2008) affiche une dentition au blanc immaculé et pour une paysanne vivant dans un autre siècle qui n'est jamais sorti de son îles... passons. Alors, il pouvait y avoir des choses intéressantes aussi, comme le contraste ville/campagne, citadin/paysans, société moderne/société archaïque mais tout n'est que surface et ne mérite pas qu'on s'y intéresse.
Bedevilled est un film d'horreur qui se voudrait auteurisant sans en avoir la carrure. Tout n’est pas à jeter dans le premier essai de l’ancien assistant réalisateur de Kim Ki-duk, on retiendra un ou deux instants d’émotions plutôt réussis. Sans cela, le film à la fois caricatural, « trop clean » et souvent pompeux, ne convainc pas. Premier coup pour Jang Cheol-soo, espérons une suite plus enthousiasmante…
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