Blood on the Highway a eu le prix du Meilleur film fantastique au Festival du film de Kimera, celui du Meilleur long-métrage au B-movie Film Festival, un autre pour le Meilleur scénario au festival du film Fantaspora, et encore d’autres. La jaquette ressemble à une veste décorée d’anciens combattants. Je ne connais pas ces rassemblements. Mais il semblerait que Blood on the Highway ait fait son petit effet entre 2008 et 2009.
En parlant de festival, c’est justement à l’un d’entre eux que Carrie, Sam et Bone ont décidé de se rendre en voiture. Mais Sam, malade, vomit sur la carte. Ils s’arrêtent à Fate, petit village peuplé de créatures qui semblent assoiffées de chair humaine. Heureusement, Byron, Lynette et Roy vont les aider.
Oui, mais. Carrie est la petite amie de Sam, elle a le verbe haut et la critique facile. Elle aime surtout son argent. Sam, éternel plaintif, se fait victimiser, par elle et par Bone, qui lui est le bon exemple du salaud viril, qui aimerait coucher avec Carrie. Byron est l’ancien leader d’une nation-Etat fantôche, Lynette est une plouc américaine vulgaire et Roy le looser qui se croit être un tombeur.Ce n’est pas une fine équipe.
Quand à ceux qui veulent les boulotter, il semble que leur contamination soit liée à l’ouverture d’un nouveau centre commercial aux pratiques qui feraient rugir 60 Millions de consommateurs. Ces créatures n’ont pas perdu leur intelligence, ils se réunissent entre eux, ils papotent. Ils ont juste faim de chair humaine.
Le film propose donc un ensemble de personnages assez atypiques. D’autres films tenteraient de nous les faire passer pour sympathiques, de bons petits jeunes avec les vices habituels (le sexe, l’alcool). Dans ce film, les personnages de départ paraissent antipathiques, ils ont tous des mauvais caractères bien exacerbés. C’est aussi le cas du trio qui les rejoindra. Et c’est parce qu’ils n’iront pas à la messe le dimanche qu’on ne peut que les apprécier. Ils feront de mauvais choix, mais ils sont plein d’entrain, quitte à écraser quelques têtes sur le passage.
Il faut dire aussi que le film est plein d’allant. Il avance toujours, parfois à fond la caisse. Sam se fera contaminer puis ils seront assiégés par les vampires qui, franchement, trouvent qu’ils exagèrent ces humains. Quelques scènes gores seront au bénéfice du film, mais son meilleur atout est son humour, à l’image de cette scène d’exécution avec un aspirateur.
C’est un humour assez vachard, qui fait subir les pires déconvenues à ses personnages. Ceux-ci sont outranciers, à l’image de Bone, musclé mais taciturne, héros par défaut, qui va bien profiter de la pagaille. Ses lignes bad-ass tombent souvent à plat. Ou Byron, faux maire, qui a déjà perdu presqu’une dizaine de femmes. Il avait autorisé la polygamie dans sa nation. Il est convaincu que tout ça est un coup monté du gouvernement. Les bonnes répliques fusent, avec des dialogues bien tranchants.
Par contre, gros point noir pour le sous-titrage français, qui perd du punch des échanges. Les expressions fleuries sont aseptisées. Et quelques mauvaises idées d’adaptation traînent ça et là. Si l’anglais ne vous fait pas peur, pas de béquilles des sous-titres. Le film n’a pas été doublé.
Le film est pourtant à petit budget, mais il est fait avec soin et respect du spectateur. L’équipe technique officie aussi comme figurants, les trucages sont légers à l’image des fumées faites avec celles de cigarettes, mais tout ce qui apparaît sur le making-of, ces petites bidouilles, ne transparaît pas dans le montage final. Le film est très professionnel, très sérieux malgré son second degré et ses faibles moyens.
Blood on the Highway est assez rock, à l’image de sa bande son. Il a la gniaque, il est couillu, un peu énervé, mais toujours drôle. Il ne manque pas d’idées, le classicisme de son histoire cache en fait une histoire très caustique. Même une scène comme celle de la préparation à la grande bataille, une figure classique du cinéma, est proposée avec un humour bien corsé. Fun et avec une sacré verve, voici une bonne surprise, une comédie horrifique avec un sacré caractère.