Assez bête , assez gore plutôt amusant.
Tout comme There was a Little Girl d'Ovidio Assonitis, chroniqué en ces lieux, Blood Rage (rien à voir avec le "Blood Rage" de Joseph Zito, alias "Le tueur de Manhattan") est un slasher évoquant la gémellité meurtrière. Un thème plutôt original permettant de mener plus facilement en bateau le spectateur puisque dans le film de John Grissmer, le tueur de service a un jumeau inoffensif. L'un est bon et l'autre pas donc mais, copie conforme oblige, le doute plane parfois quant à savoir qui est qui à certains moments du métrage.
Terry, depuis son plus jeune âge, est donc rongé par une insatiable envie de commettre des crimes. Des pulsions que ne partage pas du tout son jumeau Todd, autrement moins turbulent et même trop bonne poire. Tellement même que lorsque Terry, âgé seulement de huit ans, commet son premier meurtre sur la personne d'un queutard surpris en plein acte dans sa bagnole garée au drive-in du coin, il fait porter le chapeau à son frère, témoin du massacre. Il lui confie l'arme du crime (une hachette), l'enduit du sang de la victime et le tour est joué. Le bon est interné en clinique psychiatrique tandis que le mauvais lui, reste en liberté.
Dix années passent. Terry (Mark Soper, aperçu dans "Hooker" et d'autres séries de l'époque) a bien grandi et partage avec sa mère (Louise Lasser) une modeste maison dans un mini-lotissement résidentiel baptisé "Shadow woods". Et c'est précisément le soir de Thanksgiving que Todd (Mark Soper aussi, bah voui) choisit pour s'évader de sa maison de tarés jugeant sans doute que, dix ans ça suffit comme ça ou bien, l'appel de la dinde qui se manifeste, on n'en sait trop rien. Terry, lui, informé de la terrible nouvelle, prend plutôt ça comme une aubaine. Une décennie complète à se retenir, sans occire son prochain, c'est pas bon. Et puis, ça tombe bien, son futur beau-père lui tape sur le système depuis trop longtemps. Il est temps de lui montrer qui est le véritable chef de table. C'est ainsi que, profitant de l'escapade de son double accusé à tort et jugé fou dangereux, Terry se lance dans une quête rédemptrice ne se limitant pas seulement au fiancé de sa môman mais aussi à une dizaine d'autres malchanceux.
Un scénario délicieusement pervers comme on peut le constater, et ce d'autant plus que l'assassin ne possède pas ici une apparence repoussante ou bien déguisée. Au contraire c'est un visage familier à priori sans histoire pour les gens du coin, le camarade exemplaire pour ses amis de lycée, le voisin idéal pour les résidents de Shadow Woods, le beau-fils parfait pour beau-papa. Le temps que ses victimes réalisent que derrière cette façade ordinaire se cache un monstre, il est déjà trop tard pour elles.
Le pauvre Todd, au même moment, fuyant comme un pestiféré, tente de retrouver la trace de son frère et de sa mère, dans le but de laisser éclater la vérité, enfin. Entre, de l'équarrissage en règle, couleur rouge sang (l'équarrissage, pas les règles hein, faut suivre un peu...) : Main tranchée à la machette et crâne fendu façon pastèque pour Beau-Papa (une image qui a fait les beaux jours du Mad Movies ancienne génération, Numéro 30, 33 par là, ressortez les archives du placard, messieurs-dames), corps découpé en deux et ventre perforé pour le voisinage et fourchette dans la gorge pour les potos. Bref, les fanas de gore en ont pour leur fric. Quant au tout premier meurtre d'un Terry juvénile, où sa hachette s'écrase avec insistance sur le faciès du niqueur du dimanche, il renvoie directement au final apocalyptique de "Cauchemars à Daytona Beach" de Romano Scavolini.
Habile transition : dans les deux cas, c'est le talentueux maquilleur Ed French qui s'y colle en matière de trucages sanguinolents et qui par ailleurs, a un petit rôle dans Blood Rage, celui de l'amant d'une baby-sitter, qui terminera sa carrière décapité. Au rayon anecdotique, relevons aussi la très courte présence à l'écran de Ted Raimi (cinq secondes à peine pendant le générique de début, dans la peau d'un dealer de crack qui opère son petit commerce dans les chiottes d'un cinéma).
D'abord baptisé "Slasher", puis "Stabbed", John Grissmer opte finalement pour le titre de Blood Rage.