Tourné et bouclé en 1983, ‘’Blood Rage’’ connu quelques difficultés pour se faire un chemin vers les salles obscures. Réalisé au beau milieu de l’âge d’or du Slasher, c’est sur la fin de sa mode qu’il sort au cinéma. D’abord titré ‘’Slasher’’, puis ‘’Nightmare at Shadow Wood’’, et enfin exploité sous le nom de ‘’Blood Rage’’, autant dire que c’est une œuvre qui a connu un parcours laborieux pour arriver aux yeux des amateurs de métrages sanglants.
Tout commence un soir des années 1970, dans un Drive-In, lorsqu’un enfant, prit d’une pulsion meurtrière, dézingue un pauvre type (lancé dans une tentative de coït avec une jeune femme) à coup de hache. Objet qu’il s’empresse de mettre entre les mains de son jumeau, qu’il affuble également de quelques traces de sang sur les joues. Un postulat de départ inattendu, qui démontre que John Grissmer tente une proposition au milieu d’une vaste production horrifique.
Dix ans plus tard, Todd, le frère innocent accusé du meurtre, devenu catatonique, sort de l’asile pour retrouver sa famille. Composée de sa mère et de son frère Terry. Ce dernier est devenu un ados populaire, bien intégré dans son cercle d’amis. Sauf que le retour de Todd déclenche une nouvelle série de meurtre dans l’entourage de Terry.
Le film s’amuse à mélanger les cartes en jouant sur les faux semblants, brouillant les pistes pour savoir qui est vraiment le tueur : Todd ou Terry. Les deux personnages sont interchangeables, ce qui rend difficile de savoir qui assassine. C’est là un élément amusant de cette production, qui déstabilise les spectateur/rices en les menant de fausses pistes en fausses pistes, permettant des retournements de situation incessants.
Généreux dans le gore et les meurtres graphiques, le métrage se place dans la continuité des productions du début des eighties. Plutôt classique dans son déroulé, le récit se permet toutefois des audaces, rendues possible par le gimmick des jumeaux, qui ne peut éclairer avec certitude qui est le tueur. Ce dernier est pourtant sans cesse présent à l’écran.
Contrairement aux productions ayant marquées le genre, ‘’Blood Rage’’ est juste un divertissement horrifique. Il n’exploite pas vraiment ses thématiques, comme la schizophrénie, qui occupe une place centrale au cœur d’un récit peu consistant. Du fait ça peut avoir un côté frustrant, car il y a peu à se mettre sous la dent, provoquant un léger ennui.
Néanmoins, le niveau est relevé par les meurtres qui dans l’ensemble sont fun à regarder, avec des petites trouvailles sympathiques. S’il ne joue pas de l’originalité, il tire son épingle du jeu par une débauche goresque des plus bienvenus.
Le principal problème du métrage est son aspect daté. Si beaucoup de production de l’époque accusent le cours du temps, avec des effets spéciaux efficaces, riches du charme des années 1980, ici ça marche beaucoup moins bien. Même si de temps à autre il peut se faire surprenant, à l’instar d’une scène final réussis, où toute la tension montée durant tout le métrage, explose lors d’une séquence dramatique bien amenée, et tout à fait terrible.
Loin d’itère mauvais, il y a bien pire dans la production de la période, ‘’Blood Rage’’ manque d’un brin d’originalité pour demeurer un Slasher haut de gamme. Il joue plutôt dans la cours des Slasher de seconde zone, où il excelle avec brio. C’est le genre de production à regarder lorsque le tour des classiques du genre est fait. Comme mini série B Il s’en tire honnêtement. Ce qui est Loin d’être négatif, c’est juste que dans le genre, il y’a eu bien mieux avant, et depuis.
En 1983 le genre est en expansion, alors qu’en 1987 il est la veille de son déclin. ‘’Blood Rage’’ est ainsi représentatif de deux périodes, celle de sa réalisation (où il occupe une place d’énième production d’exploitation d’un genre populaire), et celle de sa sortie (où il occupe la place d’une énième production d’exploitation, anachronique, d’un genre sur le point de disparaître). Deux époques clé du Slasher, parcourues de thématiques bien différentes
Pas foufou donc que ce ‘’Blood Rage’’ destiné à ceux qui n’ont plus de Sasher à se mettre sous la main, à la recherche désespérée d’ambiance made in 80’s, insouciantes et pas encore phagocyté par le démon d’une exploitation à outrance. Le film propose ainsi un point de vue novateur dans un emballage des plus classiques. En vrai ça fonctionne plutôt bien, puisque c’est efficace, peu original mais généreux. Et parfois c’est juste ça qui compte.
-Strok._