J'apprécie beaucoup Guillaume Canet, l'acteur tout autant que le réalisateur. Car il possède un style, un caractère et une réelle volonté dans ses réalisations qui le démarquent de ses congénères français. Voyez plutôt Ne le dis à personne ou même Les Petits Mouchoirs, quoi qu'on en dise... Mais je ne saurais que trop vous déconseiller Blood Ties, remake américain des Liens du Sang de Jacques Maillot, talentueusement emmené par lui-même et Cluzet il y a de ça 6 ans.
L'un est flic, l'autre sort de prison. Ils sont frangins, pas tellement copains. Mais quand le second est rattrapé par son passé, le premier va devoir choisir entre son serment professionnel et les liens du sang qui le relient à son frère. La première moitié pose sans se presser les bases de la relation pour le moins tendue entre Chris et Frank, usant des plongées/contre-plongées pour définir les personnalités. Puis, partant de la confrontation des deux frères lors d'un braquage, la seconde moitié va confronter nos deux héros à faire des choix dans un contexte sous tension.
Le manque de rythme apparaît résolument comme le principal défaut de Blood Ties, qui se perd également dans une photographie certes soignée, mais trop sombre. Niveaux plans, on est dans du très classique (Christophe Offenstein à la manœuvre, un fidèle de Canet) et dans du très vide aussi, avec des personnages voués à la solitude quoi qu'il arrive. Cracherais-je sur l'interprétation ? Oui et non : Des acteurs peu mis en valeur par une mise en scène plutôt fade, seuls Matthias Schoenaerts et Billy Crudup s'en sortent, tandis que Clive Owen et Marion Cotillard énervent... Tout cela manque d'intensité. Néanmoins, la seconde moitié du film s'en tire un peu mieux en termes de rythme, et la sélection de titres rock saveur seventies de Guillaume Canet fait toujours son petit effet, hélas pas suffisamment pour tromper l'ennui.
Curieusement, ou pas d'ailleurs, l'impression qui domine tout au long du film est celle d'un cinéaste qui n'est pas à sa place, et dont la volonté ne se retrouve pas dans la forme. Y eut-il peut-être la contrainte de rester fidèle au récit original ? Quoi qu'il en soit, les quelques bonnes idées se suffisent pas à sauver la réalisation tristounette et sans énergie de Guillaume Canet.