Le so frenchy Guillaume Canet réalise un film aux Etats Unis et se paye le luxe d’une collaboration avec James Gray. Cocorico !
A écouter Canet, il s’agit davantage d’un caprice artistique que d’un véritable projet créatif.
Son producteur, Alain Attal affirme pourtant que sur ce film, son poulain prend tous les risques. Honnêtement, on a du mal à percevoir ce qu’il y a d’ambitieux à adapter un film français de moins de 10 ans (Les liens du sang de Jacques Maillot) dans une ville où les tournages se font à la chaîne (New York) avec des acteurs confirmés et bankable (James Caan, Clive Owen, Zoe Saldana, Mila Kunis). Canet aura beau répéter que pour ce film il a largement réduit son cachet (on ne va pas pleurer non plus), enchaîner les « emmerdes syndicales » (le droit du travail anglo saxon est le plus abouti, c’est bien connu), essuyer de solides revers (la défection de Marc Walberg, remplacer par Billy Crudup est plutôt une bénédiction au regard du charisme de Monsieur muscle) et vécu Cannes comme un soufflet (relativisons, ça ne vaut pas la palme de Pialat), on peine à compatir. On se demanderait même si le réalisateur français ne tente pas de justifier par avance le caractère oh combien poussif de ce long métrage sans saveurs, terne pastiche des plus grands films du genre.
Canet se comporte un peu comme l’animateur d’une masterclass des films de Lumet, Scorcese et De Palma. En bon élève, il reproduits les plans séquences (poursuites en bagnoles sur le pont de Brooklyn, passage à tabac dans le sous-sol d'un bar, braquage d’une banque en plein jour, meurtre à Grand Central) et multiplie les clichés (un père mourant, un bandit au grand cœur, un bon fils mal aimé, une prostitué camée).
Canet est un bon copiste qui semble avoir oublié qu’un film doit avant tout raconter UNE histoire.
En l’occurrence, Blood Ties se rapproche plus d’une succession de scénettes façon « I love New York » que de Mean Street.
Le film souffre d’abord de la profusion de personnages dont le potentiel demeure sous exploité. James Caan est d’ailleurs à la limite du caméo ! À cela s’ajoute un jeu d’acteur stéréotypé (la brute épaisse contre le taiseux, le mari violent contre l’amant blessé…) et une mise en scène artificielle (BO des seventies omniprésente, violence gratuite, des « Fuck » à n’en plus finir et bien sûr, usage du flash-back !). Canet n’arrive pas à choisir ce qu’il veut raconter de sorte que tous ces personnages restent en surface. La seule finalement à bénéficier d’un traitement de faveur est Marion Cotillard (et on se demande pourquoi car elle est loin d'interpréter un rôle clé), mais là encore, sa participation fait plutôt figure de stage de langue accéléré (elle joue une émigrée italienne qui sous-traite des putes latinos et baragouine un américain façon gangsta sortis du Bronx).
Billy Crudup et Clive Owen tentent tant bien que mal de donner de la vie à ce marasme mais le spectateur sort de ce film fatigué et avec la désagréable impression de s’être fait pigeonner.
Guillaume s’est fait un petit plaisir.... un plaisir solitaire apparemment !