A peu près inconnu dans nos contrées, ce film germanique pourrait passer, avec un peu de retape, pour le précurseur de Schizophrenia ou Maniac. Basé sur le délicieux fait divers dit du "Vampire de Nuremberg", Bloodlust déroule un scénario quelque peu répétitif, composé principalement d'exactions dans des salles funéraires, que le héros-titre, sourd-muet asocial, commet afin de combler sa fascination pour les femmes, le sang et les cadavres. L'occasion de quelques scènes gores grossières mais marquantes.
Le reste du film alterne entre scènes domestiques malsaines à base de poupées, humiliations diverses (par ses voisins, par ses collègues de travail, par les prostituées qu'il fréquente gauchement, mais aussi par son ivrogne de père, dans des flashbacks bien cra-cra). Enfin, des scènes oniriques à base de dulcinée godiche dansant en tournoyant achèvent de brosser le portrait psychologique de ce cher "vampire".
Si certains gimmicks sont franchement ridicules (il faut voir le "vampire de Nuremberg" arpenter les rues de sa ville tel un prédateur assoiffé de sang... sur un genre de scooter de mémé avec panier de courses intégré...), et les acteurs dans l'ensemble désarmants, il faut reconnaître que Werner Pochath, habitué des plateaux italiens (il a tourné pour Margheriti, Castellari, Argento, etc...) compose un bien beau psychopathe. De plus, le film est plutôt soigné dans la forme, convoquant parfois l'esthétique du giallo qui battait encore son plein à l'époque, et, grâce à un ensemble de bizarreries propres au cinéma bis, génère une ambiance poisseuse réussie.
Dommage que le dernier tiers, qui aurait dû marquer l'emballement du film, se vautre un peu dans l'ennui, jusqu'au meurtre final, brutal et glaçant. Une petite perle méconnue.