Bloodsport, tous les coups sont permis par 0eil
Bien avant la Nouvelle Star, il y avait quand même des organismes très sérieux qui s'escrimaient à dénicher les plus grands talents. Prenons par exemple le Kumité, ce tournoi d'arts martiaux où tous les coups - comme le dit le titre - sont permis et où Jean-Claude va se présenter pour prouver une fois de plus que la Belgique n'est pas le pays des frites pour rien : on y distribue librement les patates ! Du coup, fort d'un entraînement pointu à base d'écartèlements et de hurlements, le capitaine Jean-Claude déserte (décidément, c'est pas un soldat très assidu) et se présente en Thaïlande pour bander les muscles et lancer son pied dans tous les visages. Bim.
D'emblée, Bloodsport est un film marqué par les années 80 et il n'a pas très envie de se vendre au-delà de ce royaume du bon goût, du jeu d'acteur et de la photographie travaillée. Non, Bloodsport est là pour vous vendre des échanges de coups entre hommes virils, qui se frappent la poitrine pour montrer toute la testostérone qui sature leur corps musculeux. Une odyssée de la sueur, des slow motions et des cris de guerre (très important pour libérer le chi), qui pose un peu les bases pour les films à venir (non, mon regard ne va pas chercher vers Full Contact, pas du tout !). Du coup, à moins d'entrer dans le mouvement et d'apprécier la bête avec ses défauts inhérent à l'époque, le film va laisser du spectateur sur le carreau.
Et ce serait bien dommage, parce qu'ils rateraient quand même beaucoup des stéréotypes que l'on retrouvera à l'avenir dans les prochains films de JCVD : l'occidental héritier d'une philosophie martiale asiatique et qui cherche de dedans lui pour vaincre, avec sérénité et nez brisé, la love story rapidement exécutée et un poil maladroite (ici, la journaliste est d'office caractérisée comme une prostituée qui couche pour obtenir un scoop, la classe !), le sidekick un brin énervant, ici un américain Hell's Angel pas très subtil qui compte beaucoup sur la taille de ses bras pour écraser les visages et enfin, le grand méchant, un vil compétiteur appelé Chung Li (ouais, ça casse un peu le mythe de la jolie chinoise à grosses hanches) qui a un jeu d'acteur entièrement orienté sur la danse de tétons, une discipline à mi-chemin entre le mouvement de vagues hypnotique et la décomplexion chippendalesque. Et ce ne sont pas les deux flics qui traquent à mort (mais en prenant des pauses café longues de plusieurs jours) Jean-Claude qui vont relever le tout, même si l'un des deux est incarné par un Forest Withaker encore tout jeunot et mauvais acteur, qui relèveront la sauce.
Assurément, ça n'a pas grand chose d'attractif, mais en fait, ce qui finit par convaincre, c'est l'absolue sincérité qui se dégage du métrage. Bon, pour être totalement franc, il n'a pas grand chose de plus, comme dit plus haut : la photographie n'est pas au top, le jeu d'acteur craint un poil (mention spéciale aux souvenirs de l'entraînement, un passage de pur bonheur avec des acteurs adolescents qui sont mauvais, mais mauvais... c'est tout juste s'ils ne regardent pas avec peine en direction de la caméra). Mais bon, Jean-Claude est totalement possédé, comme toujours, son second couteau sent bon la bière et le taureau et le méchant est tout à fait abjecte. Que demander de plus ?
Un film de baston somme toute moyen, auquel on préférera quand même Full Contact, mais qui a le mérite de combler le vide laissé par la fin des films de combat, et surtout ceux de Jean-Claude... Mais bon sang, qu'attend-on pour relancer un peu ce style de film si singulier, toujours légèrement nanardisant mais plein de bonne humeur et de passion pour le high kick ? Plutôt que de pondre à la chaîne des actionners sans âme, on ferait mieux de filmer à nouveau ces ascensions de petits belges dans des pays asiatiques, avec des airs un peu benêts et des semelles qui attirent les visages. Ca, ça occuperait bien mes soirées !