Hormis la grosse tête de hibou portée par le tueur, je n’avais conservé aucun souvenir de ce film qui jouit d’une bonne petite réputation. À le revoir, j’avoue être très sceptique. Ce premier film de Michele Soavi croule maladroitement sous le poids de ses modèles. Reprenant les codes du slasher avec son fou évadé d’un hôpital psychiatrique (on pense, bien sûr, à La Nuit des masques), le film reprend aussi ce qui fait la particularité du cinéma italien. À savoir un goût prononcé pour le baroque dans les jeux de couleurs, les ambiances et les séquences sanglantes. On voit ici ou là l’ombre de Dario Argento dont Michele Soavi a été un des assistants. Mais on retrouve ce mauvais côté aussi du cinéma italien avec des scènes de transition, et notamment les scènes dialoguées, totalement expédiées et qui sonnent affreusement faux. Il en ressort un film qui, globalement, a un certain style mais qui est totalement dépourvue de matière.
Le principal souci de ce Bloody bird est le désintérêt total que suscite ses personnages. Les proies (qui, notons-le, ne sont pas des adolescents ou de jeunes adultes libidineux, le rôle du libidineux étant ici réservé au vieux producteur plein de fric) sont transparentes ou détestables. Alors, certes, on peut éprouver un certain plaisir à les voir se faire trucider mais le psychopathe n’est pas plus intéressant. Son histoire est évacuée en une ligne de dialogue et sa personnalité sans intérêt. Quant à sa soudaine capacité à tromper la mort en fin de parcours, elle n’apporte strictement rien au récit sinon de le poursuivre quelques minutes de plus.
Le résultat n’est pas loin d’être franchement mauvais. Pas toujours très bien joué, porté par un scénario vu et revu, dénué de réelle tension, il évoque de nombreux autres films de son époque beaucoup plus fun et divertissant. Michele Soavi tire souvent à la ligne et le récit s’en ressent à de nombreuses reprises. Ce n’est pas le grand ennui mais ce premier effort n’est guère passionnant. On peut, en ce sens, préférer l’efficacité d’un slasher à l’Américaine que cet exercice de style qui se prend très au sérieux.