Avec Bloody Kids, Stephen Frears réalise un portrait froid et distant d'une jeunesse égarée, à la fin des années 70. Le modèle hippie est mort depuis 10 ans, le modèle punk se traîne, la cold wave fait sa lente apparition, le grunge n'est pas encore né et le disco se place en roi du dancefloor. Les hooligans sont les rois du pays et les flics sont à la ramasse, l'autorité n'existe plus. Mais ne vous inquiétez pas, Maggie viendra mettre de l'ordre dans ce joyeux bordel qu'est l'Angleterre industrielle.
C'est dans ce cadre de l'Angleterre industrielle qu'on découvre Léo, un gamin de 11 berges qui se prend pour un caïd, qui vole une casquette de flic sur la scène d'un accident. En fait, c'est grâce à cette casquette que ce film prend forme. La casquette est le symbole de ce film, cet objet de convoitise par lequel tout commence. A son insu, c'est cet objet qui finit presque (toutes proportions gardées) par devenir l'un des personnages principaux du film (j'ai été étonné de ne pas la voir créditée au générique).
Contrairement à d'autres films traitant du même sujet (This is England, Dog Pound ou NEDS), celui reste plus évasif quant à la réelle violence du monde. C'est plus une violence psychologique à l'oeuvre plutôt qu'une violence physique. Tout le rite de la traque (de la violence initiale à la chute finale) est utilisé comme un rite de passage vers un âge adulte. D'ailleurs, le fait qu'ils fument des clopes à 11 ans montre bien qu'ils reproduisent des schèmes (ouais, pour une fois que je peux le placer, me gavez pas) dont ils n'ont pas conscience, qui leur apparaissent comme ce que doit faire toute personne qui est assez vieille pour se faire respecter de la police.
Pas vraiment transcendant, ce film a quand même son charme. Son esthétique repose principalement sur le fait que tout se passe de nuit et que la musique apporte toute la lourdeur que ce film n'a pas dans son scénario. En gros, les deux se complètent plutôt bien.