Blow Out
7.6
Blow Out

Film de Brian De Palma (1981)

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Voici donc venir Blow Out, qui synthétise toutes les qualités et les défauts de Brian de Palma.

Tout commençait pourtant si bien: un écran noir. Puis un film dans le film. Une parodie du cinéma d'exploitation. Un tueur, des teenagers. Et enfin la révélation. Toute cette introduction n'était qu'une mise en abîme. Travolta travaille comme technicien son pour le cinéma, et ce que l'on vient de voir est le film sur lequel il travaille et pour lequel il recherche un "cri".

Le film lance alors son intrigue : alors que Travolta réalise des prises de sons dans un parc la nuit, il assiste (ou plutôt son magnétophone) à un meurtre. Bien évidemment, c'est ici que l'on comprend que Brian de Palma paye son hommage à Blow Up d'Antonioni, remplaçant l'appareil photo par le magnétophone. Et donc la vue, par l'ouïe. Bien que la suite du film se rapproche plus du Conversation Secrète de Coppola (pour son fétichisme des bandes magnétiques et de l'équipement sonore) que de Blow Up dont il n'emprunte en réalité que le postulat de départ.

Nous sommes à la moitié du film et tout va pour le mieux. La mise en scène de Coppola est totalement débridée : des néons à foison, des split screens comme s'il en pleuvait, et des jeux sur les perspectives en continu. Tout cela pourrait paraître tape à l'oeil si l'ensemble n'était pas unifié par une photographie superbe. La mise en scène est donc très apparente mais elle est aussi assez brillante et jouit d'un véritable charme 70's. Travolta quant à lui est au top. Sa classe de jeune loup Hollywoodien fait penser à celle de Gylenhaal dans le récent NightCrawler (un autre film sur la nuit urbaine et le pouvoir des images).

Mais c'est également dans sa seconde moitié que le film commence à accumuler tous les travers habituels de De Palma. Les personnages deviennent de plus en plus grotesques. Nancy Allen joue ainsi le rôle d'une jeune femme à la bêtise congénitale assez phénoménale. Son encéphalogramme atteint des minimums réellement terrifiants et confine à la stupidité pathologique. De même le "bad guy" est malheureusement assez grotesque. Un exemple : alors qu'il est définit comme un tueur à gage professionnel de VIP, il devient par la suite un prédateur de jeunes femmes et un étrangleur en série. Quelle cohérence? De plus, pendant le climax du film et alors qu'il s'apprête à rencontrer les protagonistes, il décide d'assassiner une jeune femme sans raison. Ce meurtre est purement gratuit, n'a aucun sens vis à vis du reste de l'intrigue et parait même assez idiot devant l'enjeu qu'est le meurtre d'un grand politicien. Qu'est-il passé par la tête de De Palma? La suite est à l'avenant, avec une course poursuite en voiture grotesque, puis un final sous un feux d'artifice qui contredit toutes les lois les plus élémentaires du bon sens. La fin grand guignol, absurde, mal foutue et vide de sens m'a gâché le plaisir de visionnage. Et que dire de ce plan final idiot, où Travolta recycle le cri de son amie pour un film? Un faux cynisme qui n'a aucune cohérence avec le rôle que jouait Travolta juqu'à maintenant.

Comme d'habitude, De Palma sacrifie le bon goût sur l'hotel d'effets un peu faciles et d'effets scénaristiques absurdes et faussement malins. C'est dommage. Surtout que le film regorgeait de bonnes idées. Par exemple cette très belle scène où Travolta reconstitue la scène du crime par le son, en dirigeant son micro comme un chef d'orchestre le ferait.

Ce qu'il a toujours manqué à De Palma pour se rapprocher de son maître (Hitchcock, à qui il rend ici encore de nombreux hommages) c'est une certaine élégance dans la simplicité. Et une attention au scénario et à la cohérence des personnages.

Au final, le film reste très intéressant à analyser lorsqu'on le compare à Blow Up et Conversation Secrète. Si pour moi Blow Up était une réussite dans l'ambiance Swinging London, c'était aussi une gigantesque imposture. Un scénario abscon, faussement malin et gratuit. Conversation Secrète était un film particulièrement subtil et à la profondeur assez exceptionnelle. Coppola avait réalisé un film quasi experimental dans son traitement du son, mais aussi très chirurgical et froid.

N'empruntant que l'idée de départ à Blow Up mais n'atteignant pas non plus les sommets psychologiques de Conversation Secrète, Blow Out se trouve à part. Dans la case des bonnes idées mal exécutées. Bien filmé, avec des effets de style particulièrement appuyés (je suis client). Mais son scénario ridicule dans la seconde moitié gache un film qui aurait pu être le meilleur de De Palma. Déception quand tu nous tiens! Irréductible De Palma
ThomasAchab
6
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le 6 févr. 2015

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