Quelle catégorie siérait le mieux à Blow Up, le film policier ? Le reportage d'introspection ? L'expérience réflexive ? J'opterai allégrement pour la catégorie suivante : un film-d'un-ennui-mortel MAIS, où l'obsession du détail lui assure une bien bonne considération de la part de quelques fidèles.
N'ayant que faire des explications, le cheminement que l'on suit ici repose sur la démonstration d'Antonioni, obsédé par l'idée de dépeindre le climat de l'époque.
L'un des plus grands frissons qu'on est en droit d'approuver consiste à s'investir dans un cinéma tout nouveau, un univers qui nous est étranger ; profitant ainsi de cette occasion pour, peut-être, découvrir le cinéaste italien. Force est d'avouer que l'envie d'en découvrir plus à son sujet n'est vraiment plus d'actualité, en ce qui me concerne.
Blow Up fait preuve d'un profond pessimisme auquel je n'adhère pas du tout, plus controversé encore que ce simple constat personnel, l'œuvre d'Antonioni a réitéré plus d'une fois une fâcheuse manie qui a tendance à me filer de l'urticaire : lancer une multitude de pistes thématiques, sans jamais aller jusqu'au bout des choses, donnant l'impression d'assister à un produit inachevé.
Outre une intrigue faussement lancinante et inutilement lente, et si l'on fait l'effort de ne pas insister sur l'ennui que cela procure, le véritable quiproquos réside dans cette absence de véritable propos. Multipliant les symboliques, desquels découlent un rapport fort et évident entre eux et Antonioni, les idées du monsieur laissaient tout de même un mince espoir en ouvrant la voie à un cinéma incroyablement riche et profond. Ce qui subsiste de ces idées s'avère pompeux, peu subtil, et un goût amer reste en travers de la gorge, car le symbolisme quasi-imposé du film et sa façon de surligner en gras ses significations me laissent perplexe.
Blow Up tente maladroitement de se caser dans un paysage cinématographique : celui des films laissant libre-cours à la logique de chacun, permettant d'imaginer autant d'interprétations qu'il y a d'étoiles dans le ciel. Raté, mais bien essayé.
Je ne doute pas de sa capacité à faire réfléchir sur l'art et sur tous ses sens, allant de l'imagerie sous-jacente jusqu'à l'évidence d'un concept visuel.
Si un tel cinéma racoleur et imbuvable plaît à d'illustres critiques, si cette atmosphère incertaine, ces séances de photos torrides, ces numéros de séduction, si tout cet étalage d'élucubrations trouve de l'écho quelque part, soit. La question n'est donc plus de savoir si c'est une bonne ou mauvaise chose. Non, la question est de savoir comment peut-on arriver à rédiger des livres entiers sur l'œuvre d'Antonioni (ou la soupe pseudo-intellectuelle d'Antonioni) (mais restons courtois). Pas seulement parce qu'elle peut être résumer en deux pauvres lignes et aussi car elle ne procure pas ne serait-ce qu'une lueur d'émotion, mais par-dessus tout parce que ses penchants anarchistes attestent de son manque criant de matière.