La Palme entre réel et illusion
Antonioni questionne les notions de réel et d'illusion avec une maestria déconcertante. Après avoir contrarié le public de la Croisette avec son magnifique L'Avventura, qui avait pourtant obtenu le Prix du Jury en 1960, le cinéaste italien livra sept ans plus tard un de ses films les plus accomplis. Ingmar Bergman, d'ailleurs décédé le même jour qu'Antonioni, n'aimait guère le cinéma de ce dernier à l'exception de deux films : La Notte et Blow-Up. Ça en dit beaucoup. D'une certaine façon, Blow-Up est une œuvre très représentative de l'esprit de Cannes : la confrontation d'un monde superficiel au monde réel et à sa violence. Il s'agit ici d'un homme ne pouvant pas s'approprier le réel, or n'est-ce pas l'objectif de bien des cinéastes ? Au milieu des starlettes posant pour les photographes, entre les crépitements des flashs s'efforçant de créer des icônes, se trouve une image du réel, à la portée de celui qui voudra bien voir parmi les illusions et cette image du réel, c'est souvent sur la pellicule qu'on peut l'apercevoir.