Ce que j'en retiens avant tout, c'est une très solide maitrise technique : tous les plans sont parfaitement travaillés et les mouvement de caméra ont autant, voire plus d'impact narratif que les dialogues, qui pour être succincts n'en sont pas moins parfois percutants. Mais Blow-Up n'est pas la Maman et la Putain, quoique les deux films soient presque (pas tout à fait quand même) contemporains. Une mention spéciale pour les scènes dans le parc, qui distillent une angoisse véritablement hitchcockienne.
Ensuite, une recherche esthétique certaine, qui, 50 ans s'étant écoulés depuis, a désormais un petit côté rétro plutôt sympa, sur les traces Mary Quant dans Carnaby Street. Cela étant, pas étonnant qu'en 1966, le film soit rapidement devenu culte, boosté certainement qu'il a été par l'odeur de souffre qu'il dégageait. Il s'agissait du premier film britannique montrant des corps féminins dénudés : sacrée Jane, toujours dans les bons coups, celle là...
Quelques scènes vraiment très réussies viennent compléter le tableau, notamment celle où les Yarbirds (et où l'on aperçoit donc brièvement Jimmy Page) jouent dans un club dans lequel Thomas débarque à la recherche de Vanessa Redgrave qu'il a cru apercevoir dans la rue. Le public est totalement immobile, impassible, jusqu'à ce que l'un des musiciens fracasse sa guitare contre un ampli défaillant et en balance les débris au milieu des spectateurs. Ce qui déclenche soudainement une émeute. Et la partie de tennis finale est très bien également !
Rythme lent, scènes insolites, sensualité, mais aussi paranoïa, délires hallucinatoires (ou peut-être non, d'ailleurs). Blow-up serait-il une ode aux substances illicites, que découvrait le Swinging London de 1966 ?