N'y allons pas par quatre chemins, Blue est un documentaire proposant des images exceptionnelles sublimées par sa musique (bien que caricaturale par instant). Le ballet des baleines à bosse, la chasse des dauphins ou encore les seiches hypnotiques.... des scènes fabuleuses que le cadre du cinéma décuple. Mention spéciale aux passages de nuit plutôt rares dans les autres documentaires qui me viennent à l'esprit. J'aurai probablement mis 3-4 points de plus sans la narration et l'histoires qu'ils ont souhaité raconter.


En effet je n'ai rien à redire de la prestation de Cecile de France en revanche il en est tout autre de son contenu. Nous suivons principalement les aventures d'un jeune dauphin et de sa mère et de façon secondaire celles d'un baleineau ainsi qu'une petite squille (les parties propres à cette dernière valent le détour). Les films Disney de ce label se veulent porteurs d'un message fort, celui bien entendu de l'écologie. Il est important de préciser que le parti pris visuel est de montrer la beauté de ce monde sous marin, c'est pourquoi il n'y a aucune image de pêche ou de pollution ni même celle d'une quelconque activité humaine (hormis au générique), le danger qui menace cette faune est évoqué de nombreuses fois mais jamais montré. Malheureusement Disney se prend les pattes en essayant d'être à la fois pédagogue et de raconter une histoire. Ainsi pour décrire la prédation qu'effectue nombre de ces animaux y compris la baleine à bosse et le dauphin on nous explique logiquement que "les prédateurs font partie de la nature et sont un maillon essentiel de la chaîne alimentaire. Sans eux il est impossible de maintenir une harmonie." Quand les dauphins chassent ils font preuve d'une "intelligence hors du commun" et d'un sens de la famille innée. Ils ont des moyens de communication tout à fait "extraordinaires" qui permet de se retrouver sur plusieurs kilomètres qu'ils parcourent chaque jour. Leur apprentissage et les jeux qu'ils effectuent sont d'une complexité incroyable comme on en voit jamais chez d'autres animaux. Cette avalanche de superlatifs dont la baleine à bosse a le droit en moindre quantité n'est pas dérangeant au prime abord.


Premier défaut mineur cela devient redondant d'avoir la sempiternelle relation mère-enfant dans quasiment chaque documentaire animalier ou presque et ce dans une volonté de s'identifier à ces animaux. Là où ces superlatifs deviennent problématique c'est lorsqu'on arrive à la scène d'attaque des orques sur les baleines et la menace qu'ils posent aux dauphins. Les orques sont présentés comme cruelles, des chasseuses sans aucune pitié. On ne les voit d'ailleurs que par ce prisme là elles veulent attaquer ce pauvre baleineau. Lorsqu'elles élaborent une stratégie collective pour faire tomber le petit du dos de sa mère en créant des vagues, la narratrice les qualifie de "fourbes" (voué à l'échec grâce aux sauveuses cad les baleines mâles qui ont mis leurs différends de côté). 40min avant on nous expliquait pourtant que la prédation était naturelle et nécessaire à l'équilibre. L'aspect pédagogique vole totalement en éclats d'autant qu'après les dauphins déploient une méthode innovante pour piéger un maximum de poisson et on nous décrit cela comme une superbe ingéniosité collective qui se transmet de génération en génération et qui va permettre au petit dauphin de nourrir sa famille ainsi que de participer à un "festin". On pourrait penser que la scène où la mère et son petit se font attaquer par un autre groupe de dauphin compense cet excès manichéen mais il ne fait que le conforter, on oppose les gentils face aux méchants dauphins, les renforts gentils surgissant de nulle part au moment crucial... J'ai bien saisi que Disney destine avant tout ce documentaire aux enfants mais à vouloir simplifier et jouer sur deux terrains ils ont fait comme beaucoup l'amalgame entre enfantin et infantile. Là où je ne peux pas les blâmer c'est le fait que les informations donnés s'adressent avant tout aux néophytes, forcément un passionné apprendra peu de choses.


Un dernier point, je ne remettrai pas en cause les convictions écologiques des créateurs de ce documentaire. Par contre Disney fait preuve d'une hypocrisie gigantesque qui ironiquement est démontré par le film. J'ai évoqué longuement la "glorification" effectué des dauphins, on nous décrit ces cétacés comme des êtres d'une intelligence épatante, ils effectuent des jeux extrêmement complexes qui sont capitaux pour leur développement, ils parcourent les mers sur des milliers de kilomètres et forment des groupes solidaires avec des caractéristiques propres à chaque famille. J'ai bien saisi tout ça c'est super intéressant mais si ces besoins sont si importants pour les dauphins pourquoi vous continuez à maintenir des dauphins en captivité dans les delphinariums (notamment à Disney World) ? Les dauphins n'ont pas d'espace pour nager, peu d'activités pour se divertir et se développer et doivent cohabiter alors qu'ils ne sont pas du même groupe ?


Visuellement extraordinaire, Blue pêche dans son discours. A voir sans tendre l'oreille.

Dr_Kenobi
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le 4 avr. 2018

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Dr Kenobi

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