Blue Bayou est un film réalisé par Justin Chon qui campe aussi le personnage principal. Antonio LeBlanc est un "américain" né en Corée du Sud puis adopté à trois ans aux États-Unis. Aujourd'hui il est marié à une américaine, beau-père d'une petite fille et futur papa. Il a du mal à joindre les deux bouts en tant que tatoueur mais sa famille s'aime et c'est ce qui compte. Malheureusement, après un concours de circonstances malheureuses, il apprend qu'il est en réalité en situation irrégulière et menacé d'expulsion. Lui et sa famille vont devoir se battre pour rester unis.
Ce film montre avec force une réalité pour beaucoup de personnes ayant vécu aux États-Unis toute leur vie et qui sont maintenant menacées d'expulsion. Une situation méconnue et injuste que ce long-métrage expose avec justesse. En effet, bien que ces enfants nés hors des États-Unis soient ensuite adoptés par des familles américaines, cela ne suffit pas à leur faire bénéficier de la nationalité américaine, en raison d’un vide juridique. En effet, même si en 2000 une loi a été passée pour accorder la nationalité aux enfants adoptés, celle-ci ne s’applique pas à ceux adoptés avant cette date.
Toutefois, le scénario montre quelques faiblesses. Certains personnages sont manichéens et ne sont pas très bien construits, notamment les deux policiers.
On découvre la banlieue de la Louisiane sous une lumière bien travaillée et avec une musique, surtout la partie chantée par Alicia Vikander, qui donne du charme au film. On retrouve un jeu de couleur dans le décors et les vêtements portés avec un bleu symbolique qui renvoient forcément au titre du film.
La dernière scène, très mélodramatique, tire beaucoup sur les larmes. Elle reste quand même importante car elle permet à toute la tension du film d'enfin exploser.
Alicia Vikander joue très bien son rôle de femme forte qui doit maintenir la stabilité de sa famille. Sydney Kowalske, qui joue la petite Jessie, est très impressionnante pour son âge. On ressent une bonne alchimie entre les trois personnages principaux.
Le réalisateur Justin Chon fait un parallèle de l’histoire d’Antonio avec une femme asiatique atteinte de cancer, ce qui donne une dimension plus spirituelle au film. Néanmoins, il aurait été aussi intéressant de plus se concentrer sur la relation entre Jessie et son père biologique qui est ici seulement effleurée.
On passe tout de même un très bon moment devant ce film assez larmoyant mais cathartique, avec une fin qui rend le sujet encore plus puissant.