Le syndicat du crime
Fin des années soixante-dix, le scénariste phare du nouvel Hollywood se lance dans la réalisation après avoir écrit pour Scorsese (Taxi Driver), De Palma (Obsession) et même un peu Spielberg...
Par
le 3 août 2013
38 j'aime
1
Blue Collar est le premier film de Paul Schrader après ses succès comme scénariste de Taxi Driver et d'Obsession et sa tonalité est plus d'une grande noirceur que d'un bleu apaisant.
Schrader réussit à capter notre attention du début à la fin avec une histoire qui dépasse le film de gangster habituel. Le lieu principal de l'action est inédit, c'est une usine de General Motors à Détroit, avec le travail à la chaîne et le contremaître aboyeur qui vont de pair, la bande son est un blues qui colore l'arrière plan de désespoir, et deux des trois acteurs principaux sont noirs, Yaphet Kotto en ancien taulard et le comique Richard Pryor, le plus en vue, en grande gueule, le troisième complice étant Harvey Keitel jouant sobrement un Polack .
Le problème du film est paradoxalement son scénario avec des incohérences qui empêchent d'y adhérer totalement. Comment s'attacher à ces trois personnages qui veulent faire un casse autant sinon plus pour se payer de la coke et des putes que pour faire vivre leur famille ? Et comment nous faire croire que le coffre-fort d'un syndicat renferme plein d'argent et un livre de compte, preuve que le syndicat prêterait de l'argent à un taux d'usure ?
Le parti pris anti-syndicaliste du film mène dans le grand n'importe quoi.
Concernant la fin pessimiste qui semble illustrer la phrase « Ils dresseront les vieux contre les jeunes et les noirs contre les blancs. » , il faut aller au-delà des réalités de la discrimination raciale américaine et du lieu commun des prolétaires condamnés à l'échec. Paul Schrader, élevé dans un protestantisme qui imprégnait encore une grande partie de la société américaine, apporte des contradictions difficiles à concilier comme pour Travis Bickle dans Taxi Driver. Il s'est efforcé de mélanger dans ses trois personnages l'aspiration légitime à une vie meilleure et les différents formes du mal (appât de l'argent facile, arrivisme, vanité, égoïsme), ce qui finit par détruire leurs liens d'amitié solides du début.
Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Les meilleurs films sur le monde de l'automobile et Les meilleurs films sur le travail
Créée
le 6 févr. 2024
Critique lue 24 fois
1 j'aime
D'autres avis sur Blue Collar
Fin des années soixante-dix, le scénariste phare du nouvel Hollywood se lance dans la réalisation après avoir écrit pour Scorsese (Taxi Driver), De Palma (Obsession) et même un peu Spielberg...
Par
le 3 août 2013
38 j'aime
1
Des boulons récalcitrants, du métal malmené par des presses hydrauliques aux mains d’ouvriers aux gestes robotiques, des vapeurs de peinture laissant planer dans l’air une vapeur enivrante qui permet...
Par
le 17 oct. 2014
12 j'aime
2
Un excellent polard social tel que le cinéma américain n'en produit plus depuis longtemps. On trouvera ici une fort bonne illustration des mécanismes de l'exploitation et du système qui le produit...
Par
le 2 avr. 2013
10 j'aime
Du même critique
J’ai bien failli faire l’impasse sur ce film mais nous étions le 31 août et il me restait deux tickets de cinéma à utiliser dernier délai, donc retour vers l’enfer du 9-3, bien planqué cette fois-ci...
Par
le 1 sept. 2019
34 j'aime
10
Le cinéma français aurait-il trouvé un nouveau souffle grâce à l'absurde ? En même temps que sort Perdrix du prometteur Erwan Le Duc paraît donc le nouvel opus de Guillaume Nicloux, Thalasso. Le...
Par
le 21 août 2019
28 j'aime
10
Similarité, identité, conformité et similitude. Le dernier opus d'Almodovar respecte ces principes. Principe de similarité Julieta est un film sur les rapports mère - fille, comme tous les films...
Par
le 1 juin 2016
28 j'aime
1