Woody Allen, j’y vais de toute façon chaque année ; une petite fidélité fétichiste, une façon de retrouver l’homme qu’on a aimé, en dépit d’un manque certain d’inspiration depuis quelques décennies à de rares exceptions près (Match Point, par exemple, ou Anything Else, vraiment drôle).
C’est souvent irritant, la déception est presque constante, mais c’est comme l’oncle de la famille, on a de l’indulgence, et c’est pas comme si on avait le choix, en fait, il est là de toute façon aux réunions annuelles et on garde une grande tendresse pour les souvenirs d’enfance où il tient une place particulière.
Alors voilà, pas besoin de me survendre sa dernière production.
Oui, Cate Blanchett est sublime, d’accord, même si l’inscription par son agent sur le scénario en rouge « AVEC ÇA COCOTTE L’OSCAR EST IN THE POCKET » clignote un peu trop dans certaines scènes. Chez les américains, on est obligé de boire un verre toutes les 8 minutes, prendre un cachet toutes les 12 et parler toute seule toutes les 20 pour être en lice. Ça peut devenir pénible.
Certes, la narration est un peu habile, structurée en flashbacks permettant progressivement de reconstituer le passé de Jasmine ; mais c’est la moindre des choses qu’on puisse demander à une pointure comme Allen, d’autant que la pseudo révélation de la fin n’est pas non plus une nécessité.
L’ensemble du film est d’un didactisme franchement pénible sur la dichotomie riche (superficiels même si raffinés) / pauvres (sincères même si lourdauds). Tout est redoublé, tout est souligné (par pitié, combien de fois entend-on dire à Jasmine que son mari, lui avait l’argent des autres parce que c’était un escroc ?!) et surtout, peu d’éléments sont intéresants. Woody Allen nous fait le coup des classes laborieuses de San Francisco (bel appart au demeurant que celui de la caissière, hum) mais ne peut s’empêcher, comme toujours, de nous inonder de scènes entre riches new-yorkais et ascension chez ceux de SF. On ne se refait pas.
Alors pour la « comédie qui devient grinçante », on repassera. Sans réel intérêt, presque aussi insipide que les précédents opus, (à ceci près que la tentative du « sérieux » occasionne de belles scènes pour l’actrice principale), tonton ne s’est pas vraiment refait une santé. C’est pas grave, on le reverra l’année prochaine.