Qu’il s’agisse du matériau de base, les circonstances de production ou l’intrigue même de ces ultimes facéties, l’essence de The Rise of Thadland en faisait un objet voué à un accueil étriqué. D’abord évincé du petit écran, Blue Mountain State fit appel à l’appétence d’une fanbase résolue afin de trouver un second souffle dans un format long, cette énième campagne de crowdfunding réussie n’étant alors pas sans rappeler le cas Veronica Mars.
Les tribulations télévisuelles de Moran and co. invoquant un humour de prime abord gras à souhait, il allait sans dire que son rejeton filmique s’adresserait à un public des plus ciblés, en l’occurrence majoritairement acteur de son renouveau (moi compris) : mais par-delà le plaisir de revoir en action cet abruti de Thad, l’exercice du changement de format posait un challenge nullement anodin, telle que la transposition/adaptation d’une identité originellement efficace en 20 minutes... quid de 90 à présent ?
À chaud, le premier visionnage m’avait laissé une bonne impression, quelques ressorts comiques et séquences particulières ayant eu raison de faiblesses narratives palpables... source d’un mécontentement virulents pour beaucoup (proches compris). Dans un second temps, il m’est aujourd’hui évident que The Rise of Thadland n’est aucunement le « messie » tant attendu des fans, si ce n’est une tentative louable de faire perdurer une aventure unique en son genre : l’ensemble demeure néanmoins clairement insuffisant, l’héritage du show accouchant d’une intrigue étrillée, faiblarde et trop peu généreuse.
L’impression générale rend donc compte d’un essoufflement abrupte, le long-métrage ayant tôt fait de s’enliser dans une simplicité de tous les instants : certes, il eut été malvenu d’attendre davantage du main plot, ici probant au regard de l’A.D.N. de Blue Mountain State, mais les limites matérielles imposées par le budget se voient exacerbées par une criante absence d’ambition scénaristique.
Paresseux à l’excès, The Rise of Thadland s’échine donc à multiplier les grosses ficelles afin de fomenter un récit n’ayant ni queue ni tête, là où les épisodes vénérés étaient ni plus ni moins bien ficelés... quand bien même il devait s’agir d’une avalanche d’absurdités, car ces dernières étaient à juste titre cohérentes à l’échelle de ce développait savamment la série. En guise de contrepoids, le plaisir de retrouver à l’écran cette équipe de bras cassés y va forcément de son petit effet, mais il en ressort finalement une vaine tentative de contenter sans effort le fan de la première heure.
Les brèves apparitions (inutiles) de Shilo ou Radon étayent cette impression de fan service fadasse, tandis que les premiers rôles n’auront auparavant rien apporté de neuf à leurs fameux exploits : feignant de bout en bout l’irrévérence et une liberté de ton aucunement convaincante, le film échoue donc à faire tenir débout son postulat déjanté, mais éventé. Reste l’apport salvateur de quelques gags parfois bien sentis, de quoi maintenir l’illusion d’une fête interminable mais dynamique... s’il n’en n’est rien, la farce aura donc battu 1h30 durant le chaud et le froid, ne trouvant alors son salut qu’au travers de l’amour de la première heure pour le show.
Pauvre dans le fond comme la forme, The Rise of Thadland enjoint donc à la grimace, nappée d’une déception toute relative... le plaisir coupable aidant un peu à entrevoir du bon dans tout ce mauvais goût, ici amputé de ce qui faisait le charme de Blue Mountain State : faire du fin avec du gras.