Après un très beau documentaire sur Harry Dean Stanton (Harry Dean Stanton: Partly Fiction), la réalisatrice bernoise Sophie Huber nous emmène à la rencontre de l’un des labels de jazz les plus emblématiques, le Blue Note Records de New York. Un voyage musical jouissif et passionnant.
Consternant d’opportunisme chez Netflix (Avicii: True Stories - 2018) ou légèrement plombé d’archives chez Ron Howard (The Beatles: Eight Days a Week - 2016), les documentaires musicaux se font rares. Le genre se gaspille parfois, mais fort heureusement des perles émergent au gré de vraies lubies mélomanes. Le documentaire de Sophie Huber rayonne de cet appétit musical. Dès l’ouverture en séance d’enregistrement avec la Dream Team actuelle emportée par Robert Glasper, puis au fil des entretiens avec un Lou Donaldson hilarant, en passant par le très inspirant duo Wayne Shorter/Herbie Hancock, la richesse des interviews permettra au documentaire de s’envoler bien au-delà du jazz et du Hip-Hop.
Blue Note Records: Beyond the Notes est une fresque musicale à travers 80 ans d’une histoire délicate: La montée du national-socialisme en Allemagne que fuiront ses fondateurs émigrés vers New-York, puis la ségrégation et les suburbs actuelles. Pari gagné, la chose est suffisamment coriace pour être saluée. Des histoires de pionniers, des visionnaires délurés, des gars qui jouaient au hasard et à contre-courant d’une époque. Salut l’artiste! Il y a des airs d'hommage mais pour coller à l’ambiance, la légende ne sera point trop entachée. Sophie Huber offre un joli parallèle avec la décadence créative de nos industries culturelles contemporaines. Expansion, banqueroute, clôture et rachat, l’aventure Blue Note était avant tout une utopie “désintéressée” au milieu d’un siècle mondialisé. La petite entreprise connut la crise et il y a mille et une (bonnes) raisons de se pencher sur son histoire, surtout quand elle est aussi délicieusement contée.
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