A 32 ans, Hubert Charuel signe un premier long métrage, repéré à Cannes, dont l'intrigue se déroule dans une exploitation laitière. Tourné dans la ferme de son enfance en Champagne-Ardenne, il pose un regard acéré sur les sombres héros de la terre
Elégant, touchant, poignant et inquiétant
Émancipé d’un discours militant et pleurnichard sur la sévérité du monde paysan, Hubert Charuel pose un regard lucide et subtile sur une lourde réalité. Dans le rôle de Pierre, Swann Arlaud est impeccable, à la fois, élégant, touchant, poignant et inquiétant. Le duo qu’il forme avec sa soeur vétérinaire interprétée par Sara Giraudeau s’éloigne de la tradition franchouillarde du film social pour effleurer les frontières inattendues du thriller. Et c’est justement dans ce registre que le film deviendra surprenant.
Le chemin de croix d’un homme abattu
L’épidémie qui frappe son élevage introduira une dramaturgie plus théâtrale; celle d’un homme foudroyé par le sort qui tentera de sauver sa peau. Une vache est contaminée, le principe de précaution s’impose et les autorités sanitaires s’acharnent. Il y a cette tension haletante et l’on oublie les pâturages pour suivre le chemin de croix d’un homme abattu. Swann Arlaud deviendra lui-même cette bête à terre, rongé par la honte et la culpabilité. Petit paysan n’est pas un simple film sur la condition paysanne, mais bien sur la condition humaine et la trivialité de l’existence. Chapeau bas aux acteurs Swann Arlaud et Sara Giraudeau qui servent l’histoire avec humanité. Hubert Charuel signe ici un très beau premier long-métrage qui nous laisse impatient du prochain tour de piste. En bref: bravo l'artiste !
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