Si Jean-Pierre Bacri se révélait formidable de cynisme dans Le sens de la fête, l’acteur revient dans Place Publique avec une humeur toute aussi noirâtre et jubilatoire. Misanthrope farci à la poudre, et lunettes noires pour nuits blanches, le spectre de Ardisson est inratable et Agnès Jaoui caricature tendrement les mondanités bourgeoises de cet entre-soi parisien. Voilà une farce théâtrale composée par la même plume qui fit le succès d’Un Air de Famille ou Le Goût Des Autres. Enchanteresse il y a 20 ans, la formule est grippée mais la générosité reste intacte.
Sultans despotiques et pourtant esclaves du sérail médiatique, ces thématiques trouvaient outre-manche des envolées plus acides chez David Cronenberg (Map to The Star) ou encore Terrence Malick (Knight of Cups). Ici, rien de bien acerbe, ni délirant, ni même foncièrement touchant. La pente est douce et guillerette. Le film ne s’envolera jamais au-delà de l’énoncé mais la troupe est adorable et ce, jusque dans les seconds rôles: La fille écrivaine de l’ex-couple interprétée par Nina Meurisse, le chauffeur de Castro joué par Kévin Azaïs ou encore Guy, le voisin agriculteur, Grégoire Oestermann. A regret, il semble que la mécanique Bacri-Jaoui ne soit plus aussi efficace, mais «Place Publique» se couvre d’une tendresse bienveillante pour une aimable comédie.
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